Par Audrey Weir

L’éthique professionnelle constitue l’une des douze compétences du référentiel de compétences professionnelles à développer en formation initiale et continue à l’enseignement (Gouvernement du Québec, 2001).  D’une durée de quatre ans, tous les programmes de baccalauréat en enseignement au Québec doivent contenir un cours spécifique ou une formation transversale à cet égard (Jutras, 2014). Or, à la fin de leur formation initiale, plusieurs enseignantes et enseignants du primaire doutent de leur compétence éthique : ils ont des préoccupations et vivent des dilemmes éthiques devant lesquels ils ne se sentent pas suffisamment outillés pour agir (Belzile, 2016). Pourtant, un niveau de maîtrise de la compétence éthique est attendu : « Au terme de sa formation, l’étudiante ou l’étudiant doit être en mesure d’agir de manière responsable auprès des élèves pour que l’on puisse sans réserve recommander de lui confier un groupe et de répondre de ses actions en fournissant des arguments fondés » (Gouvernement du Québec, 2001, p. 159).

Le cadre actuel de la formation universitaire du personnel enseignant, publié au début des années 2000, est orienté vers la professionnalisation progressive de l’enseignement (Jeffrey, 2015). Selon ce référentiel, l’établissement de liens forts entre les cours et la pratique concrète en classe de stage permet de soutenir la pratique réflexive à la base de l’intégration du développement des compétences professionnelles. Ainsi on peut saisir que l’acte d’enseigner ne se limite pas à poser des actions, mais qu’il demande également une réflexion avant, pendant et après ces actions (Belzile, 2016). Même si, au sens de la loi sur les professions au Québec, l’enseignement n’est pas reconnu comme une profession qui devrait être dotée d’un ordre professionnel, les enseignantes et enseignants doivent développer leur éthique professionnelle comme le stipule le cadre de formation axé sur la professionnalisation.

Pour faire un état des connaissances sur le développement et les acquis en éthique professionnelle lors de la formation initiale en enseignement, une recension systématique des écrits (Mertens, 2019) a été réalisée avec des mots-clés pertinents dans les banques de données suivantes : Érudit, Éric, Cairn, ProQuest et EBSCOhost. Les résultats montrent que les orientations développementales (sensibilité morale et jugement professionnel) sont privilégiées et que les pédagogies actives utilisées sont appréciées des étudiants à l’université (études de cas, jeux de rôle, débats, dialogues philosophiques). Cependant, les apprentissages réalisés en classes universitaires qui sont observés dans les discussions et les travaux réflexifs ne semblent pas transférés dans des situations authentiques de pratique (Jutras, 2013).

Afin de contribuer à identifier des pratiques qui soutiennent de manière durable le développement de la compétence éthique en formation initiale à l’enseignement, l’objectif de ma recherche est de mettre en évidence la nature des acquis en éthique professionnelle et le processus de développement éthique d’étudiantes et étudiants finissants en enseignement. Ils seront recrutés dans deux programmes de baccalauréat de l’Université de Sherbrooke : baccalauréat en enseignement au préscolaire et au primaire dans lequel on offre une formation transversale en éthique et baccalauréat en adaptation scolaire dans lequel on donne un cours spécifique à cet égard. Une approche quantitative, soit avec l’administration d’un questionnaire, sera privilégiée, car les études déjà réalisées sur le sujet ont été faites selon une approche qualitative. C’est donc en identifiant et en comparant la nature des différents acquis de formation et du processus soutenant le développement de la compétence éthique de ces finissantes et finissants que certains leviers de formation pourront être mis en évidence et serviront, par la suite, d’assises pour des recherches complémentaires sur le sujet.

Notice biographique

Audrey Weir est une étudiante inscrite à la maîtrise en sciences de l’éducation à la faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke. En plus d’être membre étudiante du CRIFPE, elle est assistante de recherche et auxiliaire d’enseignement. Ses intérêts de recherche portent sur le développement de l’éthique professionnelle en formation initiale et continue à l’enseignement et sur l’insertion professionnelle des novices en enseignement.

Références bibliographiques 

Belzile, M. (2016). Étude du rapport à l’éthique qu’entretiennent des stagiaires de 4e année de formation, des enseignants associés et des superviseurs universitaires du baccalauréat en éducation préscolaire et en enseignement primaire (Thèse de doctorat inédite). Université du Québec à Rimouski, Rimouski, Canada. Repéré à « https://archipel.uqam.ca/11086/1/D3182.pdf ».

Gouvernement du Québec (2001). La formation à l’enseignement : les orientations, les compétences professionnelles. Québec, Canada : Ministère de l’Éducation.

Jeffrey, D. (2015). Enseigner l’éthique aux futurs enseignants. Dans E. Prairat et L.-A. St-Vincent (dir.), Le développement de l’agir éthique chez les professionnels en éducation : Formations initiale et continue (p. 25-44). Québec, Canada : Presses de l’Université du Québec.

Jutras, F. (2013). La formation à l’éthique professionnelle : perspectives et pratiques contemporaines. Formation & profession. 21(3), 56-69.

Jutras, F. (2014). Le professionnalisme : valeur de base de la conduite professionnelle. Dans L. Langlois (dir.), Le professionnalisme et l’éthique au travail (p. 83-104). Québec, Canada : Presses de l’Université Laval.

Mertens, D.-M. (2019). Research and Evaluation in Education and Psychology: Intergrating Diversity With Quantitative, Qualitative, and Mixed Methods (5e éd.). Los Angeles, États-Unis : Sages Publications. (Ouvrage original publié en 1998)