Par Madeleine Fortier

Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va (Sénèque).

Vous est-il déjà arrivé de ne pas savoir quelle décision prendre? D’avoir des options différentes en tête, mais de vous sentir impuissant ou impuissante à faire des choix?

J’en parle en connaissance de cause. Je me suis retrouvée pendant plusieurs longs mois confrontée à ce genre de situation. À devoir faire des choix déchirants entre continuer mon entreprise à plein temps, trouver un travail à plein temps, ou faire les deux à temps partiel.

Conséquences? Tant que je n’ai pas réussi à faire un choix définitif, je n’ai eu aucun résultat, ni pour mon entreprise ni pour ma recherche d’emploi. Cette période d’indécision, qui, en plus des impacts financiers, a suscité beaucoup d’anxiété, a aussi risqué d’altérer ma confiance face à mes capacités et mes compétences.

Il y a des moments dans la vie où on doit prendre des décisions difficiles. Changements professionnels, changements personnels, situations imprévues; à cause de leur importance, ces décisions, désirées ou non, ne peuvent être prises à la légère, sur le champ. Il faut s’accorder un délai pour réfléchir, aller chercher les informations nécessaires, faire les bons choix, ou du moins faire les meilleurs choix possibles dans les circonstances.

Que peut-on faire?

Idéalement, se faire accompagner par un conjoint, un ami, quelqu’un de proche mais en même temps qui est le plus objectif possible.

Ensuite prendre le temps de mettre sur papier les options et d’en mesurer avec soin les avantages et désavantages

Puis choisir les 3 options qui nous semblent les plus avantageuses, et finalement dresser un plan d’action pour les options retenues afin de les évaluer plus en profondeur. Par exemple, dans le cas d’un changement de carrière ou d’un retour aux études, le plan d’action pourrait être de rencontrer des personnes qui font le travail qu’on aimerait faire, de recueillir de l’information, de discuter avec des professeurs ou d’être élève d’un jour.

La première fois que j’ai utilisé cette formule, avec un outil que j’ai créé qui s’appelle Pistes pour mon projet professionnel, c’était avec une de mes clientes en transition de carrière qui avait 14 options différentes! Nous les avons analysées et, finalement, son choix s’est porté sur 2 de ces options qu’elle a ensuite explorées plus en détail. Depuis, j’utilise cet outil régulièrement avec mes clients en carrière, et je l’utilise également pour moi-même lorsque je dois faire des choix touchant mon entreprise.

Hormis cet outil, j’utilise également le Guide d’aide à la prise de décision (1) qui a été créé à l’Université d’Ottawa, et qui est disponible gratuitement. Je l’ai adapté pour qu’il convienne aux situations de mes clients en transition de carrière. L’intérêt de cet outil c’est que chaque avantage ou désavantage d’une option doit être pondéré; en plus d’en établir la liste, il faut leur donner un poids, mesurer réellement leur importance. C’est ainsi que 5 avantages peuvent compter moins qu’un seul désavantage, qui lui a une valeur plus élevée. Ensuite, le questionnaire nous demande d’évaluer si on a suffisamment d’informations pour prendre une décision, sinon, où peut-on la trouver, qui peut nous aider, etc.

Qui peut souffrir d’indécision?

Nous pouvons tous souffrir d’indécision à un moment ou un autre de notre vie personnelle ou professionnelle. Nous devons tous prendre des décisions qui risquent d’avoir des impacts sur nous-mêmes et parfois sur d’autres personnes.

L’indécision n’est pas un problème en soi, en autant qu’elle ne dégénère pas en anxiété qui nous empêche de voir clair ou d’avancer.

Certains semblent s’en sortir plus facilement que d’autres; par exemple, Louise a tendance à foncer dès qu’elle a une idée, et à réfléchir après. Donc, elle ne vit pas nécessairement d’anxiété lors de la prise de décision, celle-ci se faisant rapidement. Cela ne l’empêchera peut-être pas de souffrir d’anxiété si elle se rend compte que sa décision n’était pas la bonne.

Jacques pour sa part va peser le pour et le contre jusqu’à devenir même incapable d’avancer. C’est d’ailleurs une des résultantes de l’anxiété entraînée par l’indécision : il y a tellement de choix, ou les choix sont parfois tellement difficiles, que nous nous retrouvons dans l’incapacité d’agir, cela nous paralyse et génère encore plus d’anxiété.

Qu’en est-il des jeunes?

On pourrait croire que l’indécision pèse particulièrement lourd sur les épaules des jeunes qui dès l’âge de 18-19 ans doivent choisir leur future carrière et la formation s’y rattachant. Mais ceux-ci semblent quand même bien s’en accommoder, heureusement! « La neurologie nous apprend que le cerveau des jeunes est différent de celui des adultes. Il leur permet non seulement de mieux tolérer les situations ambiguës, mais aussi de passer à l’action malgré les risques encourus. Il leur est donc plus facile de saisir les occasions qui se présentent à eux avec enthousiasme et de s’investir pleinement dans un projet ou une cause. C’est exactement le cerveau dont ils ont besoin pour se lancer dans le monde. » (2)

Cependant, il est possible d’aider les jeunes à faire de meilleurs choix et de leur proposer des choix de carrière basés sur leurs préférences, leurs talents, leurs forces, leurs intérêts, en les aidant à mieux se connaître et en les incitant à aller chercher de l’information « terrain » sur ces carrières, sur le marché du travail.

Quelles sont les causes possibles de l’indécision?

Madame Falardeau présente 4 causes principales (3) :

  • Une information incompréhensible
  • La peur de se tromper
  • La multitude des choix
  • L’importance des enjeux de la décision qu’il faut prendre

Aller chercher de l’information, mieux se connaître, penser à des solutions intermédiaires (le fameux plan B), et pondérer l’importance des enjeux sont des moyens simples de réduire l’anxiété liée à l’indécision.

Bien sûr, la façon dont on réagit à l’indécision dépend aussi de traits personnels, de notre éducation, de notre capacité à tolérer les erreurs, de notre degré de confiance en nous-même.

On trouve dans ce document de l’UQAM (4) deux documents tirés du livre (5) : des exemples imagés des différents types d’indécision ainsi qu’un questionnaire permettant d’évaluer son degré d’insécurité face à l’indécision.

L’indécision est positive

Somme toute, l’indécision fait partie de notre vie. Malgré l’inconfort qu’elle peut nous procurer, c’est elle qui nous incite à prendre du recul, à réfléchir, à peser le pour et le contre, à évaluer diverses options.

« Comment vivre sereinement votre indécision? Considérez-la comme une alliée qui vous accompagne tout au long de votre cheminement, comme une amie qui vous pose des questions et qui vous force à préciser vos valeurs et le sens que vous voulez donner à votre vie. Vous cesserez alors de vous battre contre elle, vous cheminerez avec elle en étant un peu plus à l’écoute de vous-même. Vous vous trouverez grâce à elle. Elle vous enseignera des choses sur vous que vous pourriez ignorer si vous la fuyiez. » (6

En conclusion, le conseil le plus judicieux que je peux vous donner par rapport à l’indécision et pour faciliter votre prise de décision, c’est : ne gardez pas ces idées pour vous, car votre cerveau tournera la plupart du temps à vide; prenez le temps d’écrire vos idées, vos pistes à explorer, le plus clairement possible, pondérez-les et établissez un plan d’action pour compléter l’information. C’est déjà un grand pas vers la solution.

 

Madeleine Fortier est conseillère en carrière depuis 1990 et formatrice agréée auprès des gestionnaires. Elle travaille avec les forces des gens, leurs talents, et les aide à développer leur propre « marque », à définir ce qui les distingue. Elle les aide également à faire des choix de carrière en leur prodiguant conseils, informations, support, et surtout en les aidant à mieux se connaître sur le plan professionnel et à découvrir ce dans quoi ils excellent. Vous pouvez la contacter à madeleine.fortier@accent-carriere.com ou sur le site www.accent-carriere.com.