L’épuisement professionnel des professionnels de la santé en temps de pandémie
13 juillet, 2021L’orientation et le nouveau monde
13 juillet, 2021La carrière occupe une place centrale dans la vie des individus et la prise de décision de carrière vise, entre autres, un emploi répondant à des besoins financiers, de reconnaissance sociale et de bien-être (Blustein, 2008; Gati et Tal, 2008, Milot-Lapointe, 2017). Afin de répondre à ces besoins, la personne choisit une carrière correspondant à ses intérêts et à ses objectifs (Gati, Krausz et Osipow, 1996; Milot-Lapointe, 2017). Cependant, ce choix peut s’avérer difficile et l’individu peut se sentir incapable de prendre la bonne décision, ce que l’on nomme indécision de carrière (Amir, Gati et Kleiman, 2008; Forner, 2007; Osipow, 1999).
Un choix de carrière satisfaisant ne peut se faire uniquement de manière linéaire et rationnelle: il faut également tenir compte des émotions et de l’intuition (Falardeau, 2007; Gelatt, 1989). La prise de décision de carrière requiert un espace de réflexion, d’imagination et de créativité, afin de permettre l’organisation et la réorganisation de l’information et des idées à partir d’une perception subjective de la réalité (Gelatt, 1989). Ce processus doit s’ancrer dans la dimension rationnelle et la dimension intuitive (Lecomte et Savard, 2008, 2009). La première comprend la rationalité, la réflexion et l’introspection, alors que la seconde regroupe l’intuition, les émotions, la créativité et l’imagination (Falardeau, 2007; Gelatt, 1989; Young, Domene et Valach, 2015). Falardeau (2007) explique d’ailleurs que la prise de décision ne peut pas être strictement rationnelle et linéaire compte tenu de l’importance des émotions dans le processus, « les gens ne décident pas seulement avec leur tête, ils le font aussi et surtout avec leur cœur » (p. 76).
On peut alors se demander ce qui pourrait faciliter le contact, l’expression et la mise en lumière de la dimension intuitive. L’art, tout en facilitant l’introspection, donne accès à l’intuition et aux émotions, ce qui contribuerait à la réflexion concernant la prise de décision de carrière (Gladding, 2012; Hamel et Labrèche, 2015). Cette forme d’expression permet une communication qui n’est pas uniquement verbale et facilite l’expression de ce qui est ressenti (Hamel et Labrèche, 2015). L’art, qui est une activité de création, donne libre cours aux émotions et à l’imagination et, à travers un travail de réflexion, d’introspection et d’expression, permet d’ouvrir une porte sur le matériel inconscient du sujet, dont l’intuition, ce que d’autres approches ne peuvent pas faire (Gladding, 2012).
L’art-thérapie utilise l’art dans le cadre de ses interventions (Hamel et Labrèche, 2015 ; Hinz, 2020). En counseling, cette pratique permet de traiter l’estime de soi, l’anxiété, les aptitudes de résolution de problèmes et l’identité (Gladding, 2012; Hamel et Labrèche, 2015). On reconnaît ces difficultés comme étant également des facteurs d’indécision de carrière, ce qui amène à penser que ces interventions permettraient de travailler sur les facteurs faisant obstacle à la prise de décision en counseling de carrière. De plus, l’art-thérapie favorise le contact avec les émotions, le développement de l’intuition, la créativité et l’imagination dans un espace d’introspection et de réflexion (Gladding, 2012 ; Henderson, 1999 ; Hamel et Labrèche, 2015), des éléments essentiels à la prise de décision (Falardeau, 2007 ; Gelatt, 1989).
Est-ce que les interventions en art-thérapie faciliteraient la prise de décision en counseling de carrière? Cela semble être une piste d’intervention intéressante à étudier en orientation. Une méthode qualitative phénoménologique (Smith, Flowers et Larkin, 2009) permettra d’explorer l’expérience de professionnels qui mobilisent les interventions en art-thérapie au cours du processus de prise de décision en counseling de carrière.
Hélène Brisebois est étudiante de maîtrise en orientation à l’Université de Sherbrooke. Son sujet de mémoire traite de la mobilisation des interventions en art-thérapie au cours du processus de prise de décision en counseling de carrière.
Références
Amir, T., Gati, I et Kleiman, T. (2008). Understanding and interpreting career decision-making difficulties. Journal of Career Assessment, 16(3), 281-309.
Blustein, D.L. (2008). The role of work in psychological health and wellbeing. American Psychologist, 63(4), 228-240.
Falardeau, I. (2007). Sortir de l’indécision. Québec, QC : Septembre Éditeur.
Forner, Y. (2007). L’indécision de carrière des adolescents. Le travail humain, 70(3), 213-234.
Gati, I., Krausz, M. et Osipow, S.H. (1996). A taxonomy of difficulties in career decision making. Journal of Counseling Psychology, 43(4), 510-526.
Gati, I. et Tal, S. (2008). Decision-making models and career guidance. In J. Athanasou et R. Van Esbroeck (dir.), International handbook of career guidance (p. 157-185). Berlin, Germany : Springer.
Gelatt, H.B. (1989). Positive uncertainty: A new decision-making framework for counseling. Journal of Counseling Psychology, 36(2), 252-256.
Gladding, S.T. (2012). Art in counseling. In C.A. Malchiodi (dir.), Handbook of art therapy (p. 263-274). (2e éd.). New York, NY: The Guilford Press.
Hamel, J. et Labrèche, J. (2015). Art Thérapie : Mettre des mots sur les maux et des couleurs sur les douleurs. Livre de référence pour comprendre et pratiquer. Paris, France : Larousse.
Henderson, S.J. (1999). The use of Animal Imagery in Counseling. American Journal of Art Therapy, 38(1), 20-26.
Hinz, L.D. (2020). Expressive Therapies Continuum: A Framework for Using Art in Therapy. (2e éd.). New York, NY: Routledge.
Lecomte, C. et Savard, R. (2008). Counseling de carrière: enjeu d’orientation et d’insertion professionnelle. Document inédit.
Lecomte, C. et Savard, R. (2009). Counseling de carrière avec ses enjeux d’orientation, de réorientation, d’insertion, de réinsertion, d’adaptation et de réadaptation. Document inédit.
Milot-Lapointe, F. (2017). Effet du counseling de carrière individuel sur l’indécision de carrière et sur la détresse psychologique : influence des composantes d’intervention et de l’alliance de travail. Thèse de doctorat en éducation, Université de Sherbrooke, Sherbrooke.
Osipow, S.H. (1999). Assessing career indecision. Journal of Vocational Behavior, 55, 147-154.
Young, R.A., Domene, J.F. et Valach, L. (2015). Counseling and Action: Toward Life-Enhancing Work, Relationship and Identity. New York, NY: Springer.