L’édition automnale de Careering examine les compétences générales et les relations intergénérationnelles
26 octobre, 2015Vidéos du congrès Cannexus virtuel maintenant disponibles gratuitement en ligne
27 octobre, 2015Par Susan Denommee et Susan Liu Woronko
Pour les nouveaux arrivants qui cherchent du travail au Canada, les compétences non techniques sont tout aussi importantes que l’expérience et le titre de compétences
Le Canada est un grand pays riche de sa diversité culturelle. En raison des avancées technologiques et de la mondialisation de l’économie, les entreprises canadiennes cherchent davantage à recruter des travailleurs qui peuvent faire la preuve qu’ils possèdent les compétences non techniques nécessaires pour travailler dans des milieux de travail variés. Ces compétences non techniques n’ont rien de concret, elles ne sont pas facilement quantifiables et elles manquent souvent aux nouveaux immigrants au Canada.
À titre de spécialiste de l’emploi, j’ai travaillé depuis 25 ans avec de nombreux clients nouvellement immigrés, et ils n’ont pas cessé de me répéter qu’ils n’avaient pas l’expérience canadienne nécessaire pour travailler dans leur profession. La plupart des immigrants qui viennent au Canada possèdent des compétences techniques et une expérience professionnelle acquises dans leur pays. Pourtant, ils pensent souvent que l’absence d’une expérience canadienne signifie qu’ils n’ont pas une expérience directe dans un milieu de travail canadien.
Un jour, autour d’un café, j’ai eu une discussion avec ma sœur qui est employeur dans un centre de soins de santé. Je lui ai demandé ce que signifie pour elle, à titre d’employeur, « avoir une expérience canadienne ». Elle m’a vite répondu qu’il s’agissait selon elle de comprendre la culture du marché du travail canadien et de bien comprendre ce que signifie offrir un service de qualité que ce soit aux clients internes ou externes.
Les employeurs comme ma sœur cherchent des employés pouvant montrer qu’ils ont la capacité de s’adapter et de s’intégrer à une équipe, et d’adopter les objectifs et les valeurs de l’organisation. Par conséquent, les employés éventuels doivent posséder les compétences non techniques requises pour tisser et entretenir des relations de travail solides. Ces compétences non techniques sont définies culturellement et généralement acquises par des expériences personnelles plutôt que par une formation.
Ce sont les qualités nécessaires pour établir la confiance et la collaboration dans les relations de travail. Voici les connaissances ou les qualités que doivent posséder les nouveaux travailleurs immigrants pour réussir sur le marché du travail au Canada :
- L’étiquette professionnelle : Comprendre que chaque culture a ses propres normes sociales. Ainsi, au Canada, le contact visuel, une poignée de main ferme, une utilisation appropriée de l’espace personnel, un sourire amical, et les menus propos sont des aspects sociaux nécessaires pour établir le contact et tisser des relations;
- Les communications interculturelles : Respecter, comprendre et apprécier la diversité culturelle et la mosaïque sociale du Canada; faire preuve de sensibilité sur le plan culturel en comprenant que ce qui est perçu comme un comportement socialement acceptable dans une culture ne l’est pas nécessairement dans une autre; être ouvert aux points de vue différents du sien et trouver un terrain d’entente pour favoriser la collaboration;
- L’intelligence émotionnelle : Connaître ses forces et ses faiblesses; assumer la responsabilité de ses actions; tirer des leçons de ses erreurs, et être ouvert à la critique et aux commentaires constructifs. C’est en faisant des erreurs qu’on apprend et qu’on progresse. Personne n’est parfait;
- L’adaptabilité et la souplesse : Pouvoir jouer des rôles différents, savoir composer avec les facteurs de stress liés aux circonstances et aux situations changeantes, et être ouvert à différentes façons de faire les choses et à d’autres points de vue;
- L’esprit d’équipe : Pour être membre d’une équipe il faut adopter une attitude positive et travailler avec d’autres, faire son possible pour aider les autres membres à respecter des échéances, comprendre qu’une attitude positive crée un climat qui aide l’équipe à atteindre les objectifs et remplir la mission de l’organisation;
- La résolution des conflits et la négociation : Résoudre les conflits en entendant ce qui n’a pas été dit et en écoutant sans parti pris; cerner les problèmes et comprendre le point de vue de l’autre en mettant de côté sa fierté ou ses préjugés; comprendre que le but ultime n’est ni d’avoir raison ni d’avoir tort, mais de créer des relations fondées sur la confiance et la collaboration;
- Le service à la clientèle : Anticiper et cerner les besoins des autres tout en adoptant une attitude accueillante soulignée par un sourire amical;
- Des qualités de leader : Pour résoudre les problèmes il faut prendre l’initiative de proposer des solutions ou une orientation selon les besoins, tout en faisant en sorte que les autres se sentent soutenus et motivés; maîtriser ses émotions en cas de conflit et d’adversité; comprendre que les qualités de leader ne sont pas réservées au titulaire d’un titre officiel, superviseur ou gestionnaire.
Ces compétences en communication et en relations interpersonnelles ont autant d’importance que les diplômes, les compétences techniques et l’expérience. Les compétences non techniques sont devenues aussi importantes, si ce n’est plus, que les compétences dans la culture des milieux de travail canadiens.
Étant donné cette importance, les employeurs et les professionnels des ressources humaines au Canada utilisent des questions axées sur les comportements pour évaluer l’aptitude d’un candidat lors des entrevues d’emploi.
Il n’est pas facile de répondre à des questions de ce type puisque ce sont surtout des questions ouvertes qui donnent au candidat beaucoup de souplesse pour y répondre. Il n’y a pas de réponses simples et catégoriques à ces questions. Le principe sur lequel reposent ce type de questions est que les comportements antérieurs sont l’indice ou le reflet des comportements que quelqu’un adoptera plus tard dans des situations semblables.
Voici des exemples de questions axées sur les comportements :
- Pourriez-vous me raconter une situation où vous avez été en conflit avec un collègue?
- Racontez-moi une situation où vous avez eu à résoudre un problème par téléphone avec un client en colère.
- Décrivez une situation où vous avez dû prendre une décision difficile qui a eu des répercussions sur votre équipe.
- Donnez-moi un exemple où vous avez dû faire preuve d’esprit d’équipe et de leadership.
Les nouveaux immigrants peuvent rester perplexes devant les questions axées sur les comportements. Souvent, ils ne comprennent pas la pertinence de se voir poser ce type de questions alors que leurs diplômes et leurs compétences techniques les qualifient pour le travail. De plus, ils vont probablement répondre à ces questions en se fondant sur leurs propres expériences culturelles, sans tenir compte des normes sociales en vigueur dans le milieu de travail canadien.
Comprendre la culture du milieu de travail canadien est un défi pour les nouveaux immigrants puisqu’ils n’ont souvent pas conscience des nuances, parfois subtiles, que prennent les normes sociales, lesquelles pouvant être rejetées ou considérées comme inappropriées en raison de différences culturelles.
Les services d’établissement et d’emploi aideront et conseilleront les nouveaux immigrants à se familiariser avec les usages, les attitudes et les comportements qui ont cours dans la culture des milieux de travail canadiens, et à apprendre les stratégies et les techniques de recherche d’emploi qui leur permettront de trouver un emploi dans leur domaine professionnel.
Mais, surtout, puisque les compétences non techniques sont liées à la culture et qu’elles sont généralement apprises par des expériences personnelles plutôt que par les études, le principal conseil qui est répété sans fin aux nouveaux arrivants à la recherche d’un emploi, même s’il n’est peutêtre pas encore suivi c’est FAITES DU BÉNÉVOLAT.
C’est grâce à des expériences de la vie, comme en offrant des services bénévoles, que quelqu’un peut saisir les nuances dans les normes sociales, en étant témoin d’interactions répétées qui génèrent des réactions inattendues. En rencontrant des gens de tous les milieux sociaux, quelqu’un peut découvrir qu’être un immigrant ne signifie pas automatiquement être expert en diversité culturelle. Les essais et les erreurs que feront les nouveaux arrivants dans leurs interactions avec ces milieux leur permettront d’acquérir les compétences nécessaires pour établir des relations collaboratives avec leurs collègues.
Les employeurs comme ma sœur cherchent des employés qui peuvent montrer qu’ils ont la capacité de s’adapter et de s’intégrer à une équipe, et de représenter les objectifs et les valeurs de l’organisation. Il existe diverses façons pour les nouveaux arrivants de montrer qu’ils possèdent les compétences non techniques appropriées, et ce, sans avoir travaillé au Canada. En faisant du bénévolat, les futurs travailleurs peuvent faire la preuve qu’ils ont tissé des relations de confiance et de collaboration et qu’ils pourront continuer de le faire dans le cadre d’un emploi.
Susan Denommee est depuis longtemps spécialiste des carrières et de l’emploi. Elle a une formation universitaire en communication orale et écrite, en changements sociaux et technologie, en anthropologie culturelle et en sociologie.
Susan Liu Woronko, qui a contribué à cet article en tant que rédactrice, a immigré au Canada de Taïwan, à l’adolescence. Actuellement, elle s’occupe de gérer les programmes d’emploi de l’organisme DIVERSEcity Community Resources Society, qui aide les nouveaux immigrants qui s’établissent dans la région du Lower Mainland en ColombieBritannique à trouver l’emploi rêvé dans leur nouveau pays. Pour plus de renseignements, visitez le site www.dcrs.ca/?lang=fr.