Par Paul Brinkhurst

L’ESAT a été conçu pour soutenir l’intégration du développement des compétences non techniques dans les programmes de formation, de manière à ce qu’elles aient autant, sinon plus d’importance que l’alphabétisation ou les compétences techniques

La résolution de la pénurie imminente de main­d’œuvre à laquelle seront confrontés les Canadiens nécessitera diverses stratégies, notamment une immigration accrue, le maintien en emploi des travailleurs plus âgés et la mobilisation de groupes qui sont généralement sous­représentés dans la main­d’œuvre. Ces groupes comprennent les personnes qui ont de la difficulté à trouver un emploi en partie en raison d’un manque de compétences générales, comme la confiance en soi, la responsabilisation et la présentation personnelle. Partout en Amérique du Nord, des employeurs signalent qu’un grand nombre de nouveaux employés ne possèdent pas ces compétences essentielles. En général, les employeurs disent qu’ils préféreraient engager des gens ayant de bonnes compétences non techniques et investir dans le perfectionnement des compétences techniques plutôt que le contraire.

Il peut être ardu pour les intervenants en perfectionnement professionnel de régler des problèmes associés aux compétences non techniques. Il peut être particulièrement délicat et difficile d’aider les gens à modifier leur comportement, surtout lorsque des commentaires sincères peuvent susciter une vive réaction. Toutefois, selon mon expérience, ce dont les clients ont le plus besoin pour réussir dans le monde du travail est d’entendre des commentaires sincères sur des sujets très personnels. La pyramide des compétences (figure 1) illustre le principe selon lequel les aptitudes en employabilité (ou compétences non techniques) sont le fondement sur lequel reposent les autres compétences – ne pas en tenir compte, c’est ignorer la cause la plus courante de l’échec d’une personne à s’intégrer au milieu du travail.

Conscient de cette réalité, l’organisme Futureworx de Truro, en Nouvelle­Écosse, a créé un outil qui vise à soutenir le développement des neuf compétences non techniques essentielles. Ces compétences ont été choisies en se fondant sur plus de 30 ans de travail auprès de clients et d’employeurs. Grâce au soutien financier de la Counselling Foundation of Canada et du Réseau pour le développement de l’alphabétisme et des compétences (RESDAC), Futureworx a numérisé l’outil et l’a fait traduire en français. Le résultat de ce travail est l’ESAT, un outil infonuagique  maintenant utilisé avec beaucoup de succès dans tous les programmes de Futureworx ainsi que par diverses organisations en Nouvelle-Écosse, en Alberta, au Manitoba, en Saskatchewan et en Ontario.

L’ESAT a été conçu pour soutenir l’intégration du développement des compétences non techniques dans les programmes de formation, de manière à ce qu’elles aient autant, sinon plus d’importance que l’alphabétisation ou les compétences techniques Il est nécessaire de leur accorder une telle importance pour que les gens surmontent les nombreux obstacles à l’emploi qui limitent leur réussite, souvent depuis des années. L’outil constitue un moyen respectueux axé positivement sur le soutien des personnes en ce qui a trait à leur comportement individuel. Considéré comme partie intégrante de la formation, il permet aux apprenants d’acquérir une meilleure connaissance d’eux­mêmes et un ensemble de compétences en gestion personnelle pleinement harmonisées aux besoins des employeurs. Ces compétences comprennent la motivation, l’attitude, la responsabilisation, la gestion du temps, la gestion du stress, la présentation, le travail en équipe, l’adaptabilité et la confiance en soi, mais l’ESAT peut aussi être programmé pour tenir compte de 12 compétences définies pour un groupe ou un secteur en particulier.

L’ESAT fournit d’abord un cadre commun de définitions et d’exemples de comportements aux fins des discussions et traite des questions de comportement qui peuvent être soulevées pendant la formation. L’outil est axé sur les comportements visibles ou audibles – ceux auxquels les employeurs portent attention. Dans le cadre du programme de formation mené dans un environnement sécuritaire axé sur l’emploi, les interactions des apprenants avec leurs superviseurs, leurs instructeurs et leurs pairs sont observées, et leurs modèles de comportement et les seuils de déclenchement de ces comportements sont établis. L’ESAT sert ensuite de base à une discussion sur les comportements entre un gestionnaire de cas et l’apprenant, en comparant l’autoévaluation de ce dernier à l’évaluation consensuelle faite par le personnel, présentées sous la forme d’un tracé radar (figure 2). Le tracé souligne les forces et les points à améliorer des points de vue du personnel et de l’apprenant et, surtout, révèle les différences de perception qui entraînent si souvent des relations employeur-employé difficiles.

Dans l’exemple montré, des écarts de perception existent nettement relativement à la gestion du stress, à l’attitude, à la présentation et à la gestion du temps, et certains de ces écarts peuvent être liés à des problèmes sous­jacents. Le rôle du gestionnaire de cas est d’aider l’apprenant à explorer ces questions et à déterminer les autres comportements qu’il pourrait essayer d’adopter dans l’environnement sécuritaire du programme de formation. Le suivi des progrès est effectué par l’ESAT à l’aide d’un tracé de la « distance parcourue » (figure 3).

L’ESAT est un outil axé sur le travail d’équipe qui, au fil du temps, favorise l’échange de renseignements et de commentaires pertinents entre les personnes qui soutiennent un apprenant dans son intégration au milieu du travail. Il fournit à l’équipe une indication de l’état de préparation de la personne en vue du travail ou d’une autre formation, et peut aussi être utilisé pendant des expositions au travail dans le but de surveiller les progrès. Des applications pour les employés en poste sont aussi à l’étude.

Aux intervenants en perfectionnement professionnel, l’ESAT offre un moyen de recueillir les données provenant d’un groupe de professionnels qui travaillent avec un client de manière cohérente et significative. En considérant les compétences non techniques comme une partie intégrante d’un programme de formation, et grâce à des résultats clairs, à une méthode d’évaluation efficace et aux services de soutien de l’ESAT, les programmes de formation peuvent avoir un effet important sur la vie des apprenants. Pour maximiser cet effet, il est nécessaire que les intervenants utilisent l’outil et qu’ils tiennentcompte des principes sous­jacents, y compris l’importance de placer le développement des compétences non techniques au cœur de leur pratique. Pour ce faire, il faut apprendre des manières appropriées de donner des commentaires et offrir un mentorat portant sur les compétences non techniques, afin que les intervenants se sentent à l’aise d’aborder des sujets très personnels avec leurs clients.

Titulaire d’une maîtrise ès sciences et d’un baccalauréat en éducation,Paul Brinkhurst est développeur en innovations et coordonnateur de l’ESAT à Futureworx, une organisation établie à Truro, en Nouvelle­Écosse. Ses expériences en tant que parent, architecte naval et enseignant ont nourri son approche du développement des compétences. Futureworx, spécialisée dans l’intégration du développement des aptitudes en employabilité aux programmes de formation, offre l’ESAT, la formation et le service de soutien. Pour obtenir plus de renseignements,veuillez envoyer un courriel à esat@futureworx.ca, visiter futureworx.ca ou appeler à 902.843.4292.