Diplômés universitaires et sous-employés : pistes d’intervention
Par Julie Gouin
Aider les clients à trouver un emploi dans leur domaine d’étude exige une compréhension de leurs motivations
Le nombre de diplômés universitaires a considérablement augmenté au cours des dernières décennies, mais la quantité de postes leur étant destinés n’a pas suivi le même rythme[1]. Le sous-emploi[2] est devenu un passage obligé pour bon nombre de diplômés universitaires. Certains feront le choix de se satisfaire de cette situation tandis que d’autres tenteront de tirer leur épingle du jeu et d’obtenir un poste correspondant à leur niveau d’études.
Pour les professionnels en développement de carrière, plusieurs pistes d’intervention sont possibles afin d’aider ces clients.
Tout d’abord, il est souhaitable de prendre le temps d’explorer avec le client ses réelles motivations professionnelles et ses objectifs de vie. Plusieurs clients peuvent avoir complété des études universitaires par pression sociale ou par intérêt intellectuel, sans nécessairement vouloir occuper un poste de professionnel. Les tâches d’un technicien peuvent mieux leur correspondre et certains vont même retourner compléter une formation afin d’exercer un métier manuel, tout en reconnaissant l’apport de leur formation universitaire à leur pensée critique. Occuper un poste de technicien peut aussi être une manière d’avoir moins de pression sur les épaules lorsque la vie personnelle apporte déjà son lot suffisant de responsabilités ou lorsque l’on souhaite plus de temps pour se consacrer à ses loisirs ou à sa famille. Par contre, pour d’autres, un poste de professionnel est l’objectif de carrière ultime et ces clients peuvent se sentir dépourvus face aux obstacles rencontrés vers l’atteinte de leur but.
Une fois l’objectif établi, il faut s’attarder aux contraintes auxquelles le client fait face dans sa recherche d’un emploi correspondant à son niveau d’études. Est-il possible pour ce dernier de déménager dans une région où plus de postes correspondant à son diplôme sont disponibles? Outre le diplôme, possède-t-il toutes les compétences et l’expérience requises pour le poste? Éprouve-t-il des difficultés avec le processus de sélection? Si le candidat a toutes les compétences et l’expérience requises pour les postes qu’il cible, on pourra l’accompagner dans ses stratégies de recherche d’emploi en l’aidant à adapter ses documents professionnels (CV, lettre de motivation, profils sur les réseaux sociaux, références, etc.) aux postes et en se préparant aux entrevues.
Si c’est l’expérience et les compétences qui font défaut, on pourra déterminer avec lui des façons d’aller chercher ces compétences et cette expérience. Par exemple, le client pourrait offrir ses services à titre de consultant bénévole à des organisations pouvant bénéficier de ses connaissances. Il pourrait aussi proposer à son employeur actuel de prendre la responsabilité de certains dossiers ne faisant pas partie de son mandat officiel. Au sein de son entreprise, il gagnera à bâtir des relations avec ses collègues plus expérimentés afin que ces derniers agissent à titre de mentors pour l’aider à se développer professionnellement. Il pourrait aussi s’investir au sein des associations professionnelles propres à son domaine et suivre de la formation continue. Cela lui permettrait de perfectionner ses connaissances tout en développant son réseau professionnel.
S’il est prêt à déménager, il pourrait envisager un séjour à l’étranger ou dans une région où les candidats qualifiés dans son domaine sont rares, ce qui lui donnerait l’occasion d’être exposé à un plus haut niveau de responsabilités. Le client pourrait aussi bâtir son expérience au fil de contrats temporaires (remplacements de congé parental, besoin ponctuel, poste à temps partiel, etc.) qui sont moins populaires auprès des candidats plus expérimentés. Par le fait même, il découvrira divers milieux de travail et aura une meilleure idée du type d’employeur et de poste qui lui convient. Une fois l’expérience et les compétences acquises, il pourra trouver un poste à la hauteur de sa formation.
La situation de sous-emploi peut être difficile à vivre pour les clients, mais avec les bons outils, les professionnels du développement de carrière parviennent à aider les diplômés à atteindre leurs objectifs en leur permettant d’identifier leurs ressources et de se positionner sur un marché du travail compétitif.
Julie Gouin, M.A., c.o. accompagne les individus et les organisations dans leurs décisions reliées à la carrière depuis 2007. Après avoir travaillé en ressources humaines en Asie, elle est revenue au Québec pour compléter une maîtrise en sciences de l’orientation à l’Université Laval. Elle exerce maintenant comme conseillère d’orientation en bureau privé à Québec auprès d’une clientèle jeune et adulte. www.juliegouin.com.
[1] http://www.statcan.gc.ca/pub/75-006-x/2014001/article/11916-fra.htm.
[2] emploi requérant un niveau de scolarité inférieur à celui atteint.