Savoir raconter : Ateliers sur les techniques de narration en recherche d’emploi
Par David William McKay
Les techniques de narration aident les clients qui vivent des situations difficiles à faire valoir leurs forces et à acquérir une base solide leur permettant d’atteindre leurs objectifs professionnels et personnels
La Ville d’Oshawa est l’une des 29 municipalités qui ont été choisies par le ministère de la Formation et des Collèges et Universités (Ontario) pour mettre en œuvre l’Initiative ciblée pour les travailleurs âgés (ICTA) il y a plus de cinq ans. Notre clientèle de base est constituée de chercheurs d’emploi au chômage ou sous-employés âgés de 55 ans à 64 ans; nous sommes toutefois en mesure d’offrir des services aux participants de 50 à 64 ans. Les municipalités ont été choisies en fonction de leur taille; dans tous les cas, il s’agissait de villes assez petites pour être sérieusement touchées par des mises à pied au sein d’une seule usine. L’ICTA est un projet conçu pour aborder les questions de résilience des collectivités.
Chacune des municipalités participantes bénéficiait, dans le cadre du projet, d’une marge de manœuvre considérable lui permettant de concevoir des programmes répondant à la fois aux besoins de la collectivité et à ceux de chaque participant. Ici, à Oshawa, le modèle adopté consiste à tenir des ateliers de groupe visant à développer les compétences professionnelles en recherche d’emploi et à acquérir des connaissances sur le marché du travail. Après avoir participé à ces ateliers, chaque personne peut bénéficier d’une aide individuelle durant sa recherche d’emploi et être dirigée, au besoin, vers des organismes de formation externes afin d’acquérir des compétences essentielles ou des compétences liées à un type d’emploi en particulier.
Nous avons progressivement ajouté à notre programme du matériel visant à développer la résilience de chaque personne confrontée aux hauts et aux bas de la recherche d’emploi. Lorsque nous avons lancé le programme, nous nous attendions à ce que nos clients soient des travailleurs ayant occupé le même emploi pendant de nombreuses années et qui étaient soudainement contraints, après la fermeture de leur usine ou après avoir été mis à pied, de se chercher un nouvel emploi avec les outils modernes. C’est en effet la situation qui prévaut pour bon nombre de nos clients, mais pas tous. Au cours des dernières années, nous avons vu une augmentation du nombre de chômeurs de longue date et de personnes occupant un emploi précaire. Certains n’ont pas réussi à satisfaire aux exigences de base pour participer aux programmes de recyclage professionnel, tandis que d’autres, par exemple, étaient à la recherche d’un emploi plus stable en raison d’un changement d’état matrimonial. Par conséquent, une partie importante du programme vise à nourrir l’espoir et à renforcer le soutien interne.
Avantages des exercices de techniques de narration
Une des méthodes qui nous permettent de développer la résilience dans le cadre du programme est une activité que nous appelons Ma réussite.Nous avons rebaptisé l’activité afin d’insister sur le message d’espoir et d’encourager les participants à reconnaître leurs points forts cernés durant la mise en pratique des techniques de narration. L’approche n’est pas nouvelle; elle s’appuie sur l’œuvre de professionnels du développement de carrière comme Richard Nelson Bolles, Bernard Haldane et Vance Peavy. Dans son ouvrage Socio-Dynamic Counselling: A Constructivist Perspective, publié en 1998, Peavy parle des « bonnes expériences » qu’il décrit comme étant des moments dans votre vie où vous avez fait quelque chose de bien, ce qui vous a plu et dont vous étiez fier. Et à cela j’ajouterais, « et lorsque vous y repensez, vous êtes toujours heureux de l’avoir fait. » En ajoutant ce bout de phrase, je m’appuie sur l’hypothèse que si vous éprouvez encore de la fierté en y repensant, c’est que cela doit être encore important pour vous.
Les participants commencent l’exercice en écrivant un bref compte rendu d’une de leurs réussites personnelles sous forme abrégée, puis ils se réunissent en petits groupes pour partager leur histoire les uns avec les autres. Les autres membres du groupe soulignent les compétences, les points forts et les valeurs personnelles que l’on retrouve dans ces comptes rendus, ce qui permet à la personne de mettre par écrit toutes les forces auxquelles elle n’avait pas songé. Les participants à ce programme ont l’occasion de présenter cinq de leurs réussites sur une période de deux semaines; entre chacun de ces exercices, il y a d’autres évaluations, des séances de développement de l’esprit de corps et des activités liées à la recherche d’emploi.
Au départ, cette activité était utilisée en guise d’évaluation informelle afin de compléter les évaluations officielles, mais elle est devenue un exercice à part entière qui permet aux participants de cerner des compétences particulières pouvant être utilisées durant leur recherche d’emploi et à plus long terme. Nous l’utilisons pour :
- Affirmer que nos expériences personnelles sont importantes et authentiques pour nous : ce qui est étonnant, c’est que ce message ne vient pas de nous directement, mais des autres participants qui vivent le même genre de situation.
- Enseigner la technique de narration « difficulté-action-résultat » : cette technique est utilisée pour favoriser la formulation des bonnes réponses aux questions relatives au comportement durant les entrevues d’emploi. Nos activités de narration donnent aux participants l’occasion de développer, dans un milieu relativement sûr et ouvert, cette compétence qui est importante en entrevue.
- Établir le lien entre leurs réalisations et les autres pratiques en matière de recherche d’emploi : cela permet à nos clients de se préparer à se vendre, ou à rédiger un CV ou une lettre de présentation.
Certains clients se montrent réticents durant la première activité de narration. La plupart du temps, ils évoquent le syndrome de la page blanche : « Je n’ai rien à raconter » ou « je n’ai pas d’histoires de réussites ». Nous les invitons et les encourageons à participer, mais en fin de compte, ils sont libres de le faire ou non. Bien qu’il s’agisse, à l’heure actuelle, de l’une de nos activités qui suscitent le plus de réticence chez les participants, à la fin du programme, ils reconnaissent qu’elle est, en fait, la plus utile.
Durant les cinq années de ce programme, mon opinion selon laquelle la narration est une partie importante d’une recherche d’emploi efficace n’a fait que se confirmer. Elle développe la résilience psychologique grâce aux affirmations des pairs, elle contribue à renforcer l’esprit de corps du groupe, et elle aide les participants à reconnaître leurs forces, ce qui leur permet à la fois de développer leur résilience et d’acquérir une compétence utile en recherche d’emploi. Enfin, elle les prépare à passer des entrevues d’emploi, qui sont les situations les plus stressantes et les plus cruciales de leur recherche d’emploi. Je vous encourage à envisager le recours à des activités semblables comme stratégie permettant à vos clients de cerner leurs forces, de prendre connaissance des compétences qu’ils possèdent déjà en résolution de problèmes, et de renforcer leur résilience afin d’être mieux préparés à surmonter les obstacles qu’ils rencontreront.
David McKay est animateur pour le programme de l’Initiative ciblée pour les travailleurs âgés (ICTA) au centre d’aide aux chômeurs de la région de Durham, à Oshawa en Ontario. Il offre des services d’emploi sous forme d’ateliers, d’orientation professionnelle et de gestion de cas au sein du centre d’aide depuis plus de 10 ans. Cet organisme aide les chercheurs d’emploi de la région de Durham depuis 1983.