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6 novembre, 2012Deux nouveaux objectifs sont atteints pour le CERIC!
6 novembre, 2012par Benoit Dumas, c.o.
En 1999, je déposais un mémoire de maîtrise intitulé Étude sur la réinsertion de jeunes adultes au retour d’un court séjour à l’étranger. Sept ans plus tard, je constate que le sujet est encore plus d’actualité que jamais. En effet, les jeunes peuvent compter sur plusieurs moyens pour visiter d’autres pays et divers types d’expériences permettent aux étudiants et adultes de voyager partout sur le globe.
À cette époque, je voyais les avantages qu’offraient les expériences à l’étranger sur la ligne du destin qui allait devenir le mien. Heureux d’avoir vécu près de deux ans de ma vie en voyage ou en projet à l’extérieur du pays, je suis étonné de constater à quel point les étapes qui jalonnent ces transitions interculturelles sont encore méconnues.
Dans ce texte, je qualifierai de voyage à l’étranger tous les voyages à l’extérieur de la région d’origine, par exemple : voyage dans l’Ouest canadien, immersion linguistique dans un autre pays, voyage en Asie (sac à dos), etc. Le présent texte a été écrit en pensant aux voyageurs qui ont vécu une expérience significative qui les a amenés à redéfinir certaines valeurs, croyances ou manières d’imaginer le monde.
Exploration du vécu du voyageur lors de ses transitions : L’aller et le retour!
Un peu comme pour les cycles du deuil, les jeunes peuvent vivre différents cycles lorsqu’ils sont en voyage ou à leur retour. Afin de mieux comprendre leur vécu, vous pouvez explorer trois séquences avec eux, c’est-à-dire les périodes avant, pendant et après le voyage.
Voici quelques exemples de questions qu’un conseiller pourrait poser à un client :
- Avant : Est-ce que cette expérience était préparée? Quel était le sens de ce voyage? Y avait-il un but? Qu’estce qui vous attirait vers ce pays?
- Pendant : Comment avez-vous vécu l’expérience? Qu’est-ce qui vous a le plus marqué? Quelles ont été les rencontres les plus significatives? Comment avez-vous vécu la solitude ou l’expérience de groupe (selon le projet)? Quelles ont été vos prises de conscience? Qu’est-ce que vous avez le plus ou le moins aimé?
- Après : Comment se vit votre retour au bercail? Qu’est-ce que vous avez aimé retrouver? Qu’est-ce qui vous manque? Avez-vous fait des prises de conscience? Avezvous eu des remises en question? Voulez-vous repartir bientôt?
Comme intervenant, ce sont de belles pistes à explorer pour mieux comprendre comment cette personne arrive à s’adapter à l’inconnu. On peut aussi observer comment elle vit ses transitions, sa capacité à se projeter, sa qualité de prise de conscience, l’actualisation de ses expériences dans des projets, etc.
L’adaptation à l’étranger
Pour mieux s’expliquer ce que vivent les voyageurs, la recherche qui a conduit à la rédaction de mon mémoire de maîtrise comprenait l’analyse de 50 questionnaires ainsi qu’une cueillette de témoignages qui m’ont permis d’identifier quatre grandes phases liées à une expérience à l’étranger et au retour de voyage.
J’ai résumé certains résultats de la recherche dans le tableau suivant. Il est question de différents sentiments que peuvent vivre les personnes lors des phases de transitions interculturelles. Il est important de constater que le vécu des voyageurs peut être très différent selon leurs facteurs individuels ou culturels. Selon Berry (1980, dans Kealy, 1990), il y aurait quatre façons de réagir devant une culture étrangère :
- L’assimilation : on adopte la nouvelle culture tout en rejetant la sienne.
- L’intégration : on s’adapte à la nouvelle culture tout en conservant la sienne.
- La séparation : on conserve sa propre culture tout en évitant les contacts avec la nouvelle.
- La marginalisation : on est incapable de s’adapter à la nouvelle culture, sans pour autant être à l’aise dans la sienne.
Facteurs influençant la transition entre les cultures
Il est nécessaire de tenir compte d’autres facteurs qui peuvent affecter la manière de vivre la transition et la réinsertion socioprofessionnelle au retour. En voici quelques-uns : la personnalité, la nationalité, l’âge, le genre, la religion, le milieu socio-économique, la qualité et la durée de l’expérience, le degré de similarité entre les deux cultures, l’acceptation sociale des idées du voyageur, le nombre d’expériences de voyages antérieures et la préparation au retour.
Pensons aussi à la qualité et la quantité de liens qui ont été conservés avec le pays d’origine durant l’escapade à l’étranger. Ceux qui les auront négligés pourront vivre des moments de solitude et de questionnement à leur retour.
L’adaptation au retour : La ré-entrée
La ré-entrée (Re-entry) implique de reprendre contact avec des environnements familiers après avoir vécu ailleurs pendant une période significative. Elle est semblable aux autres transitions adultes dans lesquelles il y a une perte et un changement qui représentent des occasions de croissance intellectuelle et personnelle.
Pour un intervenant qui rencontre un voyageur à son retour, il sera important d’identifier les sentiments associés au départ du pays visité et ceux associés au retour : joie de quitter ou de revenir, mélancolie, agressivité, soulagement, peine, etc. Cette attention permettra de mieux saisir les différents dilemmes que vit le voyageur. Certains auteurs affirmaient que quelqu’un qui était parti pendant six mois pourrait prendre un laps de temps équivalent pour se sentir « à l’aise » dans sa culture d’origine.
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Conclusion
L’étude qualitative qui a été menée en 1999 avait permis de saisir qu’une période significative hors d’un contexte familier amène des réflexions, des prises de conscience qui permettent aux voyageurs de revoir certains aspects de leur vie. Certains voyageurs sont plus drastiques et radicalisent leur mode de vie (d’un côté ou de l’autre!), mais plusieurs font le bilan du pour et du contre des situations vécues et arrivent à des points de vue plus nuancés.
Les motifs qui poussent les gens à voyager peuvent différer d’une personne à l’autre, par exemple : relaxer et/ou avoir du plaisir, aller au-delà de ses limites, vivre dans l’inconnu, rechercher la nouveauté, relever un défi, réaliser un rêve, aller au bout de sa quête personnelle ou trouver sa mission dans ce monde.
Peu importe la raison de voyager, comme intervenant, il est important de ne pas mettre de pression au voyageur et de favoriser l’émergence de projets créateurs qui permettront de mettre en valeur les leçons acquises lors de cette expérience de transitions interculturelles.
Le poème suivant résume bien comment plusieurs se sentent à leur retour…
Chung Tzu, poète chinois, 4e siècle av. J.-C.
Comment dois-je parler de la mer à la grenouille, si elle n’a jamais quitté son étang?
Comment dois-je parler du froid à l’oiseau tropical, s’il n’a jamais quitté sa terre natale?
Comment dois-je parler de la vie au sage, s’il est prisonnier de sa propre doctrine?
Benoit Dumas est conseiller d’orientation au Collège Lionel-Groulx où il s’occupe du placement étudiant ainsi que de la coordination de l’alternance travailétudes (A.T.E.). Il a également ouvert son bureau de consultation privée afin d’offrir ses services d’orientation aux individus et aux organismes.
Courriel: conseiller.orientation@gmail.com
Site Web : www.orienteur.com