par Anne-Marie Lefebvre

Pour qu’un jeune enfant apprenne à parler ou à utiliser une brosse à dents il a d’abord observé les modèles de son entourage, puis il les a imités. Pour qu’un adolescent apprenne à parler le langage des métiers et des professions il lui faut, lui aussi, avoir accès à des modèles pour connaître leur quotidien professionnel et s’y comparer avant de décider ce qu’il choisira. Il doit découvrir ses valeurs, ses intérêts, ses capacités et ses limites; caresser des rêves, se fixer des buts, imaginer un monde où l’avenir lui appartient. Il doit confronter ses attentes à la réalité, oser et tenter de reculer l’inatteignable.

Cet adolescent doit aussi être soutenu et encouragé pour éviter qu’il ne lâche prise. Pour faire un choix éclairé et signifiant, il demande à mieux connaître les métiers qui l’intéressent et à obtenir des réponses à des questions fondamentales telles que : « À quoi ressemble la journée d’un éclairagiste ou d’une webmestre? », « Comment se vit le travail d’équipe dans une auto-patrouille ou une ambulance? ».

Par le cybermentorat, 42 000 Québécois du secondaire et du collégial touchent au monde des professions par le biais de la relation de confiance qu’ils entretiennent avec leur cybermentor, ce travailleur passionné et ouvert à l’échange. Via la plateforme Web academos.qc.ca, ils expriment des craintes ou des rêves fous, sans peur du jugement. Grâce au cybermentorat, plus de 80 % des étudiants affirment que leur mentor a eu une influence sur leur choix de carrière1.

La participation active au cybermentorat Academos contribue à augmenter la motivation scolaire car le plaisir d’apprendre se développe lorsque le jeune fait des liens entre ce qu’il apprend à l’école et une carrière qui l’intéresse. Aller à l’école devient donc un choix personnel de persévérance. Émilie Boudreau, 5e secondaire, livre ce témoignage de confiance en l’avenir : «Si je n’avais jamais été sur Academos, je me serais inscrite dans une voie que j’aurais lâchée en cours de route. J’aurais perdu du temps et de l’argent dans mes études. C’est grâce à ce site que je sais où je m’en vais et que je n’ai pas peur de l’avenir qui m’a, à ce jour, toujours effrayée

De 75 à 80 % des élèves au secondaire disent qu’ils n’ont pas d’idées précises de ce qu’ils veulent faire plus tard. Or plusieurs recherches ont révélé que la maturation du choix professionnel aurait une influence positive sur la persévérance et la réussite scolaire. De plus, il a été démontré que les élèves font confiance aux personnes du monde du travail pour les outiller et les aider dans leur démarche d’orientation2.

La relation privilégiée et positive avec le mentor favorise la réussite des jeunes en difficulté. Ces derniers ont besoin d’être en relation avec des adultes en qui ils ont confiance et qu’ils prennent comme modèles afin de se sentir confirmés dans leur identité. À travers cette relation, le mentor peut guider, encourager et écouter le jeune en plus de l’informer des réalités du monde du travail qu’il connaît peu.

Le cybermentorat est un outil à privilégier dans toute activité d’approche orientante ou de persévérance scolaire; dans toute planification individuelle ou de groupe qui veut dynamiser et engager l’élève dans la construction de son identité et de son projet professionnel. Traditionnellement utilisé en cours de Projet personnel d’orientation, le cybermentorat s’intègre pourtant bien dans toute discipline qui souhaite faire des liens pertinents entre les apprentissages et la réalité des travailleurs.  Par exemple, un enseignant allumé voulait proposer à ses élèves d’Éthique et culture religieuse de questionner leur cybermentor sur l’éthique dans leur métier. On peut imaginer la richesse des échanges sur cette question avec des journalistes, des policiers, des évaluateurs.

La plateforme Academos accueille plus de 2 700 cybermentors bénévoles qui guident, encouragent et écoutent le jeune en plus de l’informer des réalités du monde du travail qu’il connaît peu. Nous comptons 250 écoles et 10 cégeps qui ont intégré le cybermentorat dans leurs cours cette année.  M. Jacques Cloutier, enseignant de 5e secondaire en projet intégrateur et dont 75 % des élèves ont fait du cybermentorat cette année, affirme « … être très impressionné par la qualité des réponses des cybermentors dans la mesure où les questions sont aussi pertinentes et développées, et que les jeunes apprécient aussi ce service.» Tout comme plus de 70 % des intervenants scolaires3, il « … répétera l’expérience l’année prochaine en insistant encore plus sur la qualité des questions afin de maximiser l’expérience Academos


1- Sondage effectué auprès de 492 étudiants utilisateurs du cybermentorat en mai 2012.
2- Légaré, C., Grouzet, F.M.E., Lajoie, J. (2007). Le cybermentorat vocationnel : une formule innovatrice pouvant contribuer à la motivation scolaire. Revue québécoise de psychologie, 28 (2), 125-138.
3- Sondage effectué auprès de 112 intervenants scolaires utilisateurs du cybermentorat en mai 2012.


Anne-Marie Lefebvre c.o. est présentement agente de développement chez Academos Cybermentorat après avoir occupé des postes de conseillère d’orientation en milieu scolaire et collégial (public et privé, jeunes et adultes) pendant plus de 25 ans. En mars 2012, au colloque de l’AQISEP, elle a coanimé un atelier dévoilant des pistes d’utilisation du cybermentorat hors du cours de PPO.