Par Jennifer Browne et Sonja Knutson

« L’éducation internationale représente l’un des grands moteurs de la prospérité future du Canada, particulièrement en ce qui concerne l’innovation, les échanges commerciaux, le développement du capital humain et le marché du travail. » Affaires étrangères, Commerce et Développement, 2012

Les milliards de dollars injectés par les étudiants étrangers dans les établissements d’enseignement et les communautés sont l’une des principales raisons qui amènent un pays à recruter activement cette clientèle. Pour le Canada, si cet apport économique direct a son importance, la perspective de contrer les pénuries de main-d’œuvre grâce à ces étudiants est tout aussi importante. L’organisme Higher Education Academy considère le développement de l’employabilité comme des occasions pour les étudiants d’accomplir des choses et d’acquérir des connaissances, des compétences, de l’expérience, des comportements, des qualités et des attitudes qui leur permettront de réussir leur entrée sur le marché du travail, et ce, pour leur propre bénéfice et pour celui de l’économie et de la collectivité. Dans le cas des étudiants étrangers, l’employabilité passe par l’acquisition de telles connaissances, compétences et attitudes dans un contexte interculturel, avec le grand objectif de permettre aux diplômés de rester au Canada pour contribuer à l’économie et enrichir la société.

Selon le Bureau canadien de l’éducation internationale, le Canada est la septième destination la plus recherchée par les étudiants étrangers. Plus de 350 000 d’entre eux étudient au Canada, dont plus de la moitié dans une université. Les étudiants étrangers, qui ont un groupe d’amis et des réseaux généralement bien développés, forment un bassin de travailleurs très qualifiés capables de s’intégrer assez facilement au marché du travail et à la société canadienne. Les politiques canadiennes favorables à l’immigration permettent aux étudiants de travailler pendant et après leurs études. Les universités au pays ont pris acte de ces politiques et mettent sur pied des programmes novateurs et bien pensés qui visent à faire découvrir aux étudiants étrangers, tant en classe qu’à l’extérieur, les perspectives professionnelles qui s’offrent à eux.

Des pénuries de professionnels et de travailleurs qualifiés sont annoncées au Canada, et mettent en péril la capacité du pays à conserver sa compétitivité dans la nouvelle économie du savoir. Chaque province est différente et peut mettre sur pied des programmes d’immigration adaptés à chaque région. Les changements démographiques se font sentir particulièrement dans les petits centres. Les gouvernements fédéral et provinciaux, et même certaines régions comme les quatre provinces de l’Atlantique, ont la volonté de plus en plus affirmée de raffiner les volets et les programmes d’immigration ainsi que les mesures d’incitation à l’immigration pour que les étudiants étrangers puissent passer facilement des études au travail, et, par la suite, obtenir leur résidence permanente et s’établir hors des grands centres urbains.

La majorité des étudiants étrangers souhaite rester au Canada et entrer sur le marché du travail. Dans un récent sondage mené auprès des étudiants étrangers participant aux programmes du centre de carrières de l’Université Memorial, 84 % des répondants ont indiqué qu’ils souhaitaient rester au Canada. L’Université de l’Alberta a obtenu des résultats similaires dans son sondage International Student Barometer, où 80 % des étudiants étrangers ont répondu qu’ils souhaitaient rester après avoir obtenu leur diplôme. Il revient aux établissements postsecondaires de donner aux étudiants étrangers un accès à des programmes et à des activités qui améliorent leur employabilité, et la plupart des établissements canadiens offrent des services d’orientation professionnelle, des programmes et des activités d’apprentissage expérientiel qui sont axés sur l’employabilité des étudiants étrangers.

À l’Université Memorial, un récent sondage visant à connaître les ressources vers lesquelles se tournent les étudiants étrangers pour obtenir du soutien en vue de leur carrière a révélé que, outre les sites d’emploi, la famille et les amis, les ressources les plus prisées sont les centres de carrière sur le campus, les conseillers en développement de carrière et les directeurs des étudiants. Quand on leur a demandé quels étaient les plus grands obstacles à l’emploi au Canada pour les étudiants étrangers, 82 % ont répondu la faiblesse de leur réseau professionnel au Canada, 52 % ont mentionné le manque d’expérience de travail ou de bénévolat, et 41 % ont nommé la barrière des langues. L’Université Memorial, en raison de ses obligations particulières envers la population de la province de Terre-Neuve-et-Labrador, donne tout son appui aux initiatives concernant la croissance de la population provinciale et le marché du travail. Les programmes visant à développer les compétences des étudiants étrangers pour entamer leur carrière comprennent l’enseignement direct de notions élémentaires (rédaction d’un curriculum vitæ et techniques d’entrevue) et des pratiques de réseautage, ainsi que le placement professionnel expérientiel et financé sur le campus. En plus d’offrir de l’aide à la recherche d’emploi, on s’attache également à inviter les étudiants étrangers, très tôt dans leur parcours universitaire, à penser à l’entrepreneuriat. On leur fournit de l’information pour lancer une entreprise, ainsi que des occasions de réseautage et de mentorat avec des entrepreneurs de la région. Ces programmes reçoivent de bonnes notes des étudiants participants et ont des taux de rétention élevés, même s’il s’agit d’activités para-universitaires. Voici un échantillon des programmes visant à favoriser l’employabilité des étudiants étrangers de l’Université Memorial.

Professional Skills Development Program (PSDP)

www.mun.ca/isa/employment/psdp.php

Récompensé par un prix national, ce programme de développement des compétences professionnelles fait partie des pratiques exemplaires relevées dans l’étude Supporting International Students on Campus: 17 High Impact Practices to Ensure Student Success publiée par l’Educational Advisory Board en 2014. D’une durée de huit semaines, il vise à préparer les étudiants étrangers à l’emploi dans la province et partout au pays. Le programme comprend huit séances d’une heure (portant sur des sujets comme la communication, la culture et le bénévolat), deux activités de réseautage et un volet de bénévolat obligatoire. Depuis son lancement en 2010, quelque 623 étudiants étrangers y ont participé.

Entrepreneurship Training Program (ETP)

www.mun.ca/cdel/Student_Programs/ETP

Depuis 2012, l’Université Memorial propose ce programme novateur de formation à l’entrepreneuriat d’étudiants diplômés. Il vise à développer autant leur fibre entrepreneuriale que les compétences techniques et de gestion nécessaires pour lancer des entreprises. Ce programme allie des ateliers, des activités de réseautage, des présentations, des consultations individuelles et du mentorat.

International Student Work Experience Program (ISWEP)

www.mun.ca/cdel/jobs_for_students/ISWEP

Ce programme d’acquisition d’expérience de travail pour les étudiants étrangers est un programme de travail à temps partiel destiné aux étudiants étrangers ou aux étudiants dont l’anglais est la langue seconde. Il est offert au premier cycle à ceux qui possèdent un permis d’études valide. Les étudiants y consacrent 40 ou 80 heures sur une période d’un semestre. Les postes, offerts partout dans l’université, sont supervisés par le personnel enseignant et administratif, et procurent une expérience professionnelle associée à une carrière. Les étudiants, comme les employeurs, doivent remplir un accord d’apprentissage et de réflexion visant à favoriser le dialogue entre les deux parties et à déterminer les habiletés et les compétences transférables acquises dans le cadre du programme.

Conseils en développement de carrière

www.mun.ca/cdel/Student_Resources

Les étudiants étrangers ont un conseiller en développement de carrière désigné qui les rencontre individuellement pour évaluer leurs besoins en matière de développement de carrière, qui s’occupe des programmes ISWEP et PSDP, et qui est en relation avec bon nombre de groupes et de ressources internes et externes qui soutiennent le recrutement et la rétention des étudiants étrangers.

Ces exemples pris à l’Université Memorial se comparent à divers degrés à d’autres partout au Canada; malgré tout, la rétention des étudiants étrangers diplômés reste difficile à suivre et à évaluer. Il n’existe pas de données pancanadiennes sur les facteurs qui amènent les étudiants étrangers à rester ou non au Canada après l’obtention de leur diplôme, même si l’on suppose d’emblée que la disponibilité des emplois joue pour beaucoup. Il n’y a pas non plus de données sur le nombre d’étudiants qui trouvent un emploi après leurs études et obtiennent ensuite leur résidence permanente, et l’efficacité du travail des conseillers en développement de carrière n’est pas évaluée.

Partout dans le monde, on parle de l’employabilité des étudiants étrangers et de leur accession au marché du travail. Le Canada est l’un des nombreux pays qui mettent au point des stratégies en fonction de ses propres besoins tandis que dans le monde, l’internationalisation et l’employabilité font l’objet d’un nombre croissant de discussions, d’échanges et de recherches. Le personnel des centres de carrière et des bureaux internationaux des établissements postsecondaires joue un rôle capital en aidant les étudiants étrangers à suivre la voie de la réussite professionnelle au Canada. Mobiliser des partenaires internes et externes ainsi qu’offrir tout un éventail d’occasions d’acquérir de l’expérience pertinente et de bâtir un réseau professionnel grâce aux conseils avisés et au solide soutien d’un personnel formé est la clé pour attirer et retenir les étudiants étrangers de talent au Canada.

 

Jennifer Browne est directrice adjointe des services à la vie étudiante à l’Université Memorial. Elle travaille dans le domaine du développement de carrière depuis plus de quinze ans. Elle a notamment dirigé le centre de carrières de l’Université Memorial pendant dix ans. Jennifer Browne figure parmi les organisateurs fondateurs de l’International Experiential Learning Institute, un congrès qui a lieu tous les ans depuis 2013, en plus d’être l’actuelle présidente du conseil d’administration de l’Institut canadien d’éducation et de recherche en orientation (CERIC).

Sonja Knutson est directrice du bureau d’internationalisation de l’Université Memorial. Elle donne souvent des conférences sur l’éducation internationale dans le contexte canadien. Depuis 2006, elle est instructrice dans le cadre du programme de formation des professionnels de l’éducation internationale de l’Université Queen’s. Elle a siégé pendant six ans au conseil d’administration du Bureau canadien de l’éducation internationale, et est la présidente élue de l’International Education Leadership Knowledge Community de la NAFSA.

Références

Affaires étrangères, commerce et développement. « L’éducation internationale : un moteur-clé de la prospérité future du Canada », 2012 [international.gc.ca/education/assets/pdfs/ies_report_rapport_sei-fra.pdf].

Higher education academy.« Framework for Embedding Employability in Higher Education », 2015.
Weir, D., W. Luther, S. Knutson, T. Odgers (novembre 2016).

Weir, D., W. Luther, S. Knutson, T. Odgers (novembre 2016). Improving Employability Outcomes for International Students. Document PowerPoint présenté au congrès annuel du Bureau canadien de l’éducation internationale à Ottawa, en Ontario.