par Miranda Vande Kuyt

« Commence à faire les boîtes. » Après cinq déménagements d’un bout à l’autre du pays, 10 villes et 13 maisons, j’étais habituée à ce genre d’annonce! Il me semble que j’écris toujours la même chose dans ma lettre circulaire annuelle à la famille : « Mon mari a changé d’emploi, nous avons déménagé encore une fois et j’essaie de nous installer dans notre nouvelle ville d’adoption. » Toutefois, je ne leur écris pas à quel point il est difficile d’avoir une vie à soi quand on est en constante transition.

Lorsque je me suis mariée, j’étais prête à partir à l’aventure pour découvrir de nouveaux endroits et faire de nouvelles rencontres, mais je n’étais pas préparée aux conséquences émotionnelles qui affectent les conjoints accompagnateurs (c’est-à-dire quelqu’un qui déménage dans une nouvelle ville pour suivre son conjoint ou sa conjointe qui a accepté un nouveau travail). On peut se préparer aux changements qui surviennent (par exemple, emballer tous nos biens et apprendre à se déplacer dans une nouvelle ville), mais pour la crise identitaire, c’est moins évident. Pendant que mon mari était très heureux dans l’emploi de ses rêves, je tentais de trouver ma place dans ce nouvel environnement. Nous avions décidé ensemble que ce déménagement était une bonne chose, mais cela ne voulait pas dire que je ne regrettais pas la vie que j’avais laissée derrière.

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« Après mûre réflexion, j’ai réalisé que ma vie ne tenait pas aux éléments que je laissais derrière, mais plutôt aux découvertes que je faisais sur moi-même en cours de route. » Crédits: Miranda Vande Kuyt

Chaque fois que nous déménagions, je devais trouver un nouvel emploi. Un jour, en entrevue pour un emploi, l’interviewer m’a demandé combien de temps nous pensions vivre dans cette ville, et j’ai été incapable de lui répondre! Comme c’est le cas pour la plupart des conjoints accompagnateurs, nous restions au même endroit deux ou trois ans seulement. Toutefois, je crois que je l’ai eu plutôt facile, considérant que de nombreux conjoints accompagnateurs doivent déménager dans différents pays et apprendre des langues étrangères et qu’il leur est parfois interdit de travailler. Malgré tout, après 13 emplois, j’en ai eu assez. Je ne voulais pas un nouvel emploi, je voulais plutôt une carrière. Je me suis mise à penser qu’il y avait sûrement un meilleur moyen d’effectuer la transition d’un endroit à l’autre.

Je me suis mise à rêver d’une vie et d’une carrière sans frontières, une vie où je n’aurais pas à me réinventer constamment. J’étais déterminée à concrétiser ce rêve. Après mûre réflexion, j’ai réalisé que ma vie ne tenait pas aux éléments que je laissais derrière, mais plutôt aux découvertes que je faisais sur moi-même en cours de route. Je me suis vraiment reconnue dans la nouvelle théorie de développement de carrière décrite par Roberta Neault, Ph. D., dans le modèle du Machu Picchu. Chaque fois que je déménageais, ou que j’avançais vers le sommet du Machu Picchu, j’acquérais des compétences, de l’expérience et des connaissances. Chaque déménagement constituait un point de contrôle où je pouvais évaluer le chemin parcouru et préparer la prochaine étape du périple, quelle qu’elle soit.

J’ai passé en revue les aspects de ma vie qui étaient les plus affectés au fil des déménagements (p. ex., l’aspect social, l’aspect émotionnel, la carrière et la formation). Comme le ferait quelqu’un ayant recours à des services de replacement externe, j’ai procédé à une gamme d’évaluations afin de mieux comprendre mes besoins reliés à chaque aspect. Après avoir compilé les résultats obtenus et analysé les difficultés auxquelles fait face un conjoint accompagnateur dans un cadre axé sur la solution, j’ai pu développer facilement ma stratégie pour vivre sans frontières.

Quand est venu le temps du déménagement suivant, la vie a poursuivi son cours sans trop de heurts. Grâce aux médias sociaux, je pouvais sans problème rester en contact avec ma famille et mes amis du monde entier et combler ainsi très facilement mes besoins sociaux et émotionnels. Je n’avais plus comme avant le sentiment d’être seule et isolée. Pour répondre à mes besoins d’apprentissage, j’ai fait preuve de créativité et me suis inscrite à des webinaires et à des cours en ligne.

Je me suis façonné une carrière sans frontières en faisant une utilisation concertée des médias sociaux (notamment LinkedIn, Twitter et les blogues) pour établir ma présence en ligne et tenir mon portfolio à jour. Quand nous avons déménagé à nouveau, je n’ai pas eu à me « débattre » dans une nouvelle ville; je suis restée active au sein de mon domaine et j’ai poursuivi mon cheminement de carrière. J’ai dressé l’inventaire de mes compétences, de mes connaissances et de mes ressources afin de déterminer quel aspect de mon travail je pouvais effectuer virtuellement. J’ai ensuite recherché, et parfois même créé, des occasions de travailler dans mon domaine sans égard à l’endroit où je me trouvais. Maintenant, quand je déménage, mon emploi me suit.

Je ne suis plus une conjointe accompagnatrice perdue qui lutte pour donner un sens à sa vie et trouver sa voie. Je ne crains plus d’avoir à vivre une autre transition douloureuse. Je sais maintenant qui je suis, et je suis persuadée que je peux adapter ma vie et ma carrière sans frontières.

 

Miranda Vande Kuyt est une conseillère virtuelle qui travaille auprès de personnes et d’entreprises partout au Canada, incluant Life Strategies (lifestrategies.ca) et le projet MyESC de Pacific Community Resources Society (myerc.ca/content/home.asp). Vous pouvez communiquer avec elle sur LinkedIn à l’adresse ca.linkedin.com/in/mvandekuyt.