Travailler avec les réfugiés : de la peur à l’emploi
Par Albert Nsabiyumva
« Nous les appelons réfugiés, mais ce sont des gens comme vous et moi », et … : « Nous sommes tous debout sur les épaules de bonnes personnes qui n’ont pas détourné les yeux quand nous étions dans le besoin ».[1] [George Clooney, l’acteur primé aux Oscars]
Les images qui ont déclenché l’attention du monde entier vers la crise des réfugiés syriens
De déchirantes images de corps sans vie d’un enfant en bas âge échoué sur une plage turque ont suscité l’horreur le mercredi, 2 septembre 2015, que le cours de la crise naissante des réfugiés en Europe avait atterri dans la maison.[2] Cette image d’Aylan Kurdi, l’enfant de 3 ans noyé, est devenue le symbole tragique de la crise des réfugiés syriens.[3]
Les réfugiés dans le monde
Selon le HCR[4], 65,3 millions de personnes étaient déplacées à la fin de 2015 : C’est la première fois que le seuil de 60 millions a été franchi, ce qui signifie que 1 personne sur 113 dans le monde est soit un demandeur d’asile, déplacée ou réfugiée.[5] Ces chiffres doivent en appeler à chaque personne vivant sur cette planète-terre à se poser la question sur notre responsabilité individuelle et collective par rapport à cette tragédie.
Lorsque nous parlons de réfugiés et d’immigrants, il est important d’examiner le glossaire qui décrit de nombreux termes utilisés pour décrire les réfugiés et les immigrants :[6]
- Réfugiés pris en charge par le Gouvernement
- Réfugiés parrainés par le secteur privé
- Réfugié au sens de la Convention
- Réfugié réinstallé
- Personne protégée
- Demandeur d’asile
- Demandeur de statut de réfugié
- Personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays
- Personne apatride
Vous pouvez également entendre parler de … Réfugié politique et réfugié économique – ces termes n’ont aucun sens en droit et peuvent être source de confusion car ils suggèrent à tort qu’il y a différentes catégories de réfugiés.
Chaque terme a une signification particulière et mieux les connaître peut aider à comprendre le long chemin que les réfugiés doivent prendre.
Statistiques des demandeurs d’asile au Canada, de 2005 à 2014[7]
Chaque année, le Canada offre l’asile à plus de 10 000 personnes persécutées et accueille, en plus, 12 000 réfugiés.
En 2011, Le Canada a accru ses programmes de réinstallation des réfugiés de 20 % sur une période de trois ans ; en 1796, les premiers réfugiés étaient 3 000 loyalistes noirs, parmi lesquels se trouvaient des hommes libres et des esclaves, fuyant l’oppression de la Révolution américaine et se réfugiant au Canada.
Un regard sur les statiques des demandeurs de statut de réfugié montre qu’ils viennent de chaque pays du monde :[8]
Comprendre les problèmes des réfugiés pour mieux les aider
Alors que l’emploi serait considéré comme l’objectif ultime pour avoir un réfugié établi, il y a cinq étapes que chacun d’eux passe à travers, et obtenir une meilleure compréhension de chaque étape peut apporter de l’efficacité au genre d’aide apportée aux réfugiés.
- Déni et isolement : Le réfugiés essaie de nier la réalité de sa situation.
- Colère : La colère du réfugié peut viser des objets inanimés, des étrangers, des amis ou les membres de sa famille.
- Négociation : En secret, les réfugiés peuvent conclure un accord avec Dieu ou un pouvoir supérieur pour tenter de reporter l’inévitable. C’est une ligne de défense plus faible pour les protéger de la réalité douloureuse.
- Dépression :
- La dépression (type 1) se produit lorsque la tristesse et le regret prédominent dans l’esprit du réfugié.
- La dépression (type 2) est subtile et, dans un sens, peut-être plus privée. C’est une préparation tranquille pour se séparer et enchérir la vie perdue. Parfois, tous le réfugié a seulement besoin d’une étreinte, pour le réconforter.
- Acceptation : Atteindre ce stade du deuil est un don qui ne se laisse pas accorder à tout le monde.
Les gens qui sont en deuil ne passent pas nécessairement par les étapes dans le même ordre ou ne les expérimentent toutes.
Dans mes années de travail comme conseiller en emploi, j’ai fait face à des cas qui demandent une compréhension de la raison réelle cachée derrière la recherche d’emploi d’un réfugié. M.H., une dame originaire d’Irak dans la soixantaine qui venait de passer une année au Canada vint me voir pour l’aider à trouver un emploi. Elle ne parlait ni l’anglais, ni le français et notre communication se passait à travers une interprète. Lui posant la question sur le genre de travail qu’elle était capable de faire et qu’elle souhaitait avoir, sa réponse fut « N’importe lequel ». C’est alors que je commençai à poser une série de questions d’investigation sur la motivation auxquelles … elle répondait sans broncher. Lorsque j’en vins des questions sur son mari et la manière comment il s’occupait pendant ses journées, la dame explosa en sanglots. Elle ne pouvait pas retenir ses larmes et, à travers ses réponses, je compris qu’elle cherchait du travail pour quitter la maison car son mari, un ancien technicien-mécanicien dans son pays d’origine, était l’instigateur de cette recherche d’emploi. Je demandai à Madame M.H. d’appeler son mari pour qu’il vienne me rencontrer. Le mari se présentai dans les dix minutes qui suivirent et, à ma grande surprise, il parlait aisément l’anglais, il était prêt et il voulait trouver une opportunité d’emploi. Je lui proposai alors une option d’emploi que j’avais et il n’hésita pas à la saisir. Le jour suivant, il avait commencé son premier emploi au Canada. Lorsque j’ai fait le suivi, une semaine plus tard, non seulement le couple était heureux de l’emploi du mari, mais aussi, la dame ne cherchait plus à travailler. J’avais identifié le problème : La dame était en dépression tandis que le mari était en déni, isolement et colère !
Moyens pratiques d’aider efficacement les réfugiés
- Faire du bénévolat pour mettre à profit vos habiletés spécifiques.
- Enseigner-leur la langue, commencer des affaires avec eux, socialiser.
- Aider les réfugiés à s’intégrer dans une nouvelle culture : Il y a des sentiments d’isolement que les réfugiés peuvent ressentir lorsqu’ils sont relocalisés dans un nouveau pays, et ils essaient de surmonter leur traumatisme et de reprendre leur vie.
- Encourager votre université à offrir des bourses d’études aux réfugiés : Pour les étudiants réfugiés, perdre la chance de poursuivre leurs études est dévastatrice.
- Employer des réfugiés : Dans certains cas, les réfugiés sont considérés comme des invités et ne sont pas autorisés à travailler.
- Chercher / Offrir des possibilités aux réfugiés de faire du bénévolat : Dans les cas où les réfugiés ne peuvent pas travailler légalement, le bénévolat peut aider davantage.
- Organiser des activités de sensibilisation et de collecte de fonds pour les réfugiés.
Si vous voulez entendre et savoir plus sur le sujet, un atelier est prévu le 23 janvier durant le congrès national en développement de carrière Cannexus17 à Ottawa.
Albert Nsabiyumva, Eng., MBA, est un ancien réfugié en provenance du Burundi, il est au Canada depuis 2008 et est impliqué dans des organismes communautaires depuis 2009. Son intégration dans le milieu de travail Canadien n’a pas été facile : Arrivé au milieu de la récession économique de 2008 alors que toutes les compagnies liées à l’industrie automobile de Windsor mettaient leurs employés en chômage de durée indéterminée, il se résolut de mettre de côté son ingéniorat et d’utiliser ses compétences transférables pour se frayer un chemin dans le nouveau milieu de vie. De chauffeur de fourgonnette en passant par l’emploi dans un centre d’appel bilingue, il est titulaire d’une MBA de l’Université Laval (QC), et il aide d’autres personnes dans l’enseignement, l’établissement et l’emploi. Suivez le sur Twitter: @nsabalbe
Références
[1] Independent.ie. (24/04/2016). Refugees ‘are people, just like you and me’, George Clooney says. URL: http://www.independent.ie/style/celebrity/celebrity-news/refugees-are-people-just-like-you-and-me-george-clooney-says-34655417.html
[2] Channel NewsAsia. AFP/de. (03 Sep 2015). Drowned toddler sparks fresh horror over Europe migrant crisis. URL: http://www.channelnewsasia.com/news/world/drowned-toddler-sparks/2097020.html
[3] OnairPK. Al Jazeera And Agencies. (September 3, 2015). Heart-rending photos of toddler’s lifeless body washed ashore on Turkish beach spark horror and debate on refugees. URL: http://onairpk.com/heart-rending-photos-of-toddlers-lifeless-body-washed-ashore-on-turkish-beach-spark-horror-and-debate-on-refugees/
[4] HCR : Haut Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés
[5] UNHCR. (20 Juin 2016). Un être humain sur 113 est déraciné ; le déplacement forcé atteint un niveau sans précédent. URL : http://www.unhcr.org/fr/news/press/2016/6/576404f7a/etre-humain-113-deracine-deplacement-force-atteint-niveau-precedent.html
[6] Conseil canadien pour les réfugiés. RÉFUGIÉS ET IMMIGRANTS: Un glossaire. URL : http://ccrweb.ca/files/feuillet_ccr_fra_web.pdf
[7] Governement du Canada. Le Canada, terre d’asile. URL : http://www.cic.gc.ca/francais/refugies/historique.asp
[8] Governement du Canada. Faits et chiffres. URL : http://www.cic.gc.ca/francais/ressources/statistiques/menu-faits.asp