Nouvelle étude démontrant que l’éducation au choix de carrière influence le cheminement des étudiants du secondaire
Une nouvelle étude financée par le CERIC a permis de démontrer que l’éducation au choix de carrière au secondaire influence le cheminement et le choix de carrière des étudiants. La recherche réalisée par la Société de recherche sociale appliquée (SRSA) a révélé que les interventions en développement de carrière aidaient tout particulièrement les étudiants à faible revenu à préciser leur plan de carrière. Ce projet de recherche (en anglais) sur le rôle de l’éducation au choix de carrière dans le choix de programme des étudiants au secondaire et leurs résultats postsecondaires vise à mieux comprendre le moment, l’endroit et la démarche que choisissent les jeunes pour établir leurs objectifs professionnels.
Le rapport de cette recherche apporte de nouveaux éléments probants qui reposent sur des données propres au Canada pour soutenir les décisions prises par les décideurs et les intervenants sur a) la façon et le moment d’intervenir pour aider les jeunes dans leur choix de carrière, et b) les personnes pour lesquelles le soutien est utile, mais actuellement déficient. Ce rapport s’appuie sur une revue de la littérature antérieure publiée par la SRSA ce printemps. Dans l’ensemble, cette analyse vise à aider la profession de conseiller en orientation professionnelle à répondre avec autorité aux questions politiques de plus en plus urgentes en matière de planification optimale de l’éducation au choix de carrière offerte aux jeunes.
Dans cette recherche, la SRSA utilise deux importantes sources de données longitudinales pour vérifier l’effet de certaines interventions en développement de carrière en mettant en relation les dossiers scolaires et des sondages menés auprès de jeunes et de leurs parents dans trois provinces. Ces données fournissent des renseignements sur 7 000 jeunes Canadiens sur 10 ans, dont leurs aspirations professionnelles en tant qu’étudiants au secondaire à l’âge de 14 ans, leurs études postsecondaires et leurs revenus d’emploi. Les interventions mises à l’essai proposaient aux jeunes des types de programmes très différents susceptibles d’influencer leur cheminement de carrière.
Projet Un avenir à découvrir (UAD) :
- Fonds du savoir (FS) : programme qui promet à la fin de la 9eannée une bourse de 8 000 $ versée automatiquement aux étudiants dès leur inscription à des études postsecondaires d’une durée supérieure à deux ans.
- Explorez vos horizons (EH): ateliers d’éducation au choix de carrière mis sur pied par des spécialistes, qui comprennent une série d’activités pédagogiques préparées avec soin pour aider les participants à planifier leur développement de carrière.
- FS + EH : programme qui combine l’aide financière promise par les deux interventions ci-dessus et qui favorise ainsi l’engagement et la préparation des participants.
Projet Advancement Via Individual Determination de la Colombie-Britannique (AVID C.-B.) :
- AVID C.-B. : projet qui encourage et soutient l’engagement scolaire par l’intermédiaire d’éducateurs et de conseillers spécialement formés pour influencer le cheminement d’étudiants du secondaire ayant le potentiel encore inexploité de réussir des études postsecondaires.
La revue de la littérature établit que les jeunes poursuivent souvent leur phase d’exploration de carrières jusqu’à 20 ans. Elle révèle également que les jeunes peuvent avoir une vision floue de leurs aspirations professionnelles, ainsi que des renseignements ou des connaissances incomplètes sur les exigences des programmes, ce qui les empêche de trouver un programme d’études qui correspond à leurs aspirations. Comme ces interventions offraient un soutien ou une motivation supplémentaires (ou les deux) aux étudiants pour préparer leur développement de carrière, ceux-ci ont pu clarifier et exploiter leurs intérêts professionnels. L’analyse a été conçue pour déterminer 1) les interventions qui ont permis d’aider les étudiants, 2) les étudiants qui, grâce à ces interventions, ont pu transformer leurs aspirations professionnelles vagues en un plan de carrière précis OU conserver leurs aspirations professionnelles et déterminer la démarche à suivre pour exploiter leurs aspirations dès un jeune âge. À cette étape, les chercheurs n’ont pas attribué de valeur positive ou négative aux changements observés.
Le rapport tire les conclusions générales suivantes :
- La garantie précoce d’une bourse d’études postsecondaires du programme FS et les ateliers d’éducation au choix de carrière offerts dans le cadre du programme EH semblent avoir eu une incidence directe sur les étudiants à faible revenu, en les éloignant de leurs premières aspirations professionnelles. Le programme AVID C.-B. a produit une incidence semblable.
- Des données probantes révèlent que les ateliers EH produisaient plus souvent un effet indirect sur les étudiants issus d’une famille à revenu élevé, en les incitant à augmenter leurs activités de bénévolat. Les participants de ce groupe étaient plus portés à modifier leur cheminement de carrière à la suite de leur bénévolat.
- En général, l’éducation au choix de carrière a contribué à augmenter le nombre d’activités d’orientation professionnelle auxquelles ont pris part les étudiants, ce qui à son tour a semblé retarder l’entrée sur le marché du travail de certains étudiants désintéressés qui envisageaient d’occuper un emploi facile à obtenir directement après le secondaire.
- Pour les étudiants issus d’une famille à faible revenu, l’obtention d’une bourse du programme FA a favorisé leur engagement scolaire et leur participation à des activités d’orientation de carrière et de bénévolat, et a contribué à améliorer l’opinion de leurs parents à l’égard des études postsecondaires, ce qui montre l’importance de faire tomber les obstacles financiers à l’éducation supérieure.
- Notamment, ces interventions ont permis de réduire la probabilité que les étudiants issus d’une famille à faible revenu poursuivent leurs premières aspirations professionnelles, ce qui laisse suggérer que l’orientation professionnelle est efficace pour influencer la motivation et le choix de carrière des jeunes issus d’un milieu défavorisé.
L’étude a également permis d’établir que les enseignants et les conseillers d’orientation, ainsi que les parents et les pairs influencent le rôle de l’éducation au choix de carrière.
La recherche a mis en évidence le fait que les décisions relatives au cheminement de carrière diffèrent selon les groupes socioéconomiques. En effet, les étudiants ayant un statut socioéconomique plus faible entreprennent souvent leur cheminement avec une vision plus floue de leurs aspirations professionnelles ou avec un plan de carrière moins solide que ceux de leurs homologues jouissant d’un statut socioéconomique plus élevé. Les interventions en éducation au choix de carrière semblent être des mesures disproportionnées pour aider les jeunes issus d’une famille à faible revenu et dont les parents n’ont pas fait d’études postsecondaires à clarifier leur plan de carrière (ce qui fait que ces jeunes ont plus tendance à changer de programme d’étude à la 12e année plutôt qu’à la 8e ou à la 9e année visée).
Bien que ce vaste ensemble de résultats vienne éclairer de façon importante une étape mal comprise, mais essentielle du choix de carrière des jeunes, les auteurs du rapport, mené par le directeur de la recherche Reuben Ford, considèrent qu’il reste beaucoup à faire dans ce domaine. Ils chercheront à utiliser la méthode de la recherche pour examiner comment l’éducation au choix de carrière influence les résultats au-delà des choix de carrière pour :
- améliorer les perspectives de vie des jeunes concernés (santé, bien-être, revenus);
- améliorer le fonctionnement du marché du travail ou de l’économie, notamment en réduisant au minimum les perturbations et les réorientations professionnelles à l’âge adulte;
- réduire les périodes de chômage ou le nombre de jeunes qui ne sont ni en emploi, ni aux études, ni en formation, qui sont sous-employés ou qui occupent un poste pour lequel leurs compétences ne cadrent pas avec les tâches qu’ils doivent accomplir.
Les auteurs affirment que le choix de carrière est, par définition, un projet à long terme d’une importance cruciale pour améliorer les perspectives de vie des personnes et le fonctionnement de l’économie. Par conséquent, ils recommandent un investissement accru dans la recherche de données qui peuvent aider les jeunes, ceux qui les conseillent et les soutiennent, ainsi que les décideurs à mieux comprendre les conséquences du choix de carrière des jeunes et les milieux qui favorisent l’obtention de résultats optimaux. Ils signalent également qu’il est nécessaire de tenir compte du genre, de la langue et des aspects liés à la race pour examiner le choix de carrière des jeunes. En outre, ils soulignent la nécessité de prévoir les résultats en fonction des réalités du marché du travail et de l’éducation des années 2020, afin de s’assurer de la pertinence des nouvelles recommandations à une époque transformée par les conséquences de la pandémie de COVID-19, l’automatisation et l’intelligence artificielle, d’autres facteurs influençant la précarité du marché du travail, les nouveaux outils d’apprentissage en ligne, ainsi que la diversité et l’inclusion.
Pour en savoir plus sur ces résultats, vous pouvez assister au webinaire gratuit du CERIC intitulé « What Influences High School Career Decision-Making » (en anglais) qui sera donné par les responsables du projet le 23 novembre. Les responsables du projet animeront également un atelier d’apprentissage le 27 janvier dans le cadre du congrès Cannexus virtuel, au cours duquel les participants pourront approfondir leur connaissance de la recherche.