Si vous êtes spécialiste en développement de carrière au Canada, il est probable que vous soyez une femme (82,6 % d’entre vous le sont), que vous déteniez un baccalauréat et que vous ayez entre 45 et 54 ans. Vous vous intéressez particulièrement à des formations qui contribuent à aider des adultes en transition de carrière, vous avez plus besoin de recherches liées à la santé mentale que par le passé et le plus gros problème que vous prévoyez qui nuira à votre pratique est le financement public. Cet aperçu du domaine provient des résultats récemment publiés du Sondage 2019 du CERIC auprès des spécialistes en développement de carrière.

Ce récent Sondage du CERIC auprès des spécialistes en développement de carrière est un sondage national auquel ont répondu 1 350 spécialistes en développement de carrière dans tout le Canada du 1er au 29 novembre 2019 – soit le plus grand nombre de répondants jusqu’à présent. Les conclusions aident le CERIC, et le domaine dans son ensemble, à mieux comprendre les intérêts et les défis des spécialistes en développement de carrière, ainsi que les priorités en matière de développement professionnel. Ce sondage exhaustif est réalisé seulement une fois tous les quatre ans. Il a été réalisé précédemment en 2011 et en 2015, et il a fourni des données précieuses sur l’état des services d’orientation professionnelle au Canada et sur la façon dont ils ont évolué au fil du temps.

Formation, salaire et développement de carrière

Les résultats du sondage font ressortir la diversité dans le domaine du développement de carrière au Canada en ce qui concerne la formation scolaire. Pour 21,4 % des répondants, le développement de carrière en soi était le domaine de prédilection dans le cadre de leurs plus hautes études postsecondaires applicables, suivi par 17,6 %, dont le domaine était l’éducation, et de 12,2 %, qui ont indiqué comme domaine les services de consultation ou la psychologie éducationnelle. En tout, 79,9 % des spécialistes en développement de carrière sont titulaires d’un baccalauréat, alors que 35,3 % possèdent une maîtrise.

Comme en 2019 et en 2015, les deux premiers services offerts par des spécialistes en développement de carrière sont : des services d’orientation professionnelle et d’accompagnement, ainsi que des conseils en emploi et des formations en milieu de travail, suivi des services de planification et de prestation de programmes, dans le sondage de cette année. Les spécialistes en développement de carrière ont rapporté que les premiers éléments qui nuisent à leur capacité de fournir leurs services de façon efficace sont (les répondants pouvaient cocher toutes les réponses qui s’appliquaient) :

  • une charge de travail difficile à gérer (49,4 %);
  • un manque de temps à consacrer aux clients et aux étudiants (40,1 %);
  • des ressources financières inadéquates (38,0 %);
  • un soutien limité de la direction de l’établissement ou de l’entité (26,1 %);
  • un accès limité aux ressources appropriées (23,7 %).

Le nombre d’années d’expérience dans le domaine est réparti de façon assez égale : un peu moins de la moitié des spécialistes en développement de carrière (47,6 %) ont dix ans d’expérience ou moins, et un peu plus de la moitié (50,4 %) ont plus de dix ans d’expérience. Les salaires déclarés parmi les spécialistes en développement de carrière continuent d’être modestes, mais ils augmentent en fonction de l’expérience. Les spécialistes qui ont 10 ans d’expérience ou moins rapportent gagner en moyenne de 40 001 $ à 55 000 $ par année; ceux qui ont de 11 à 20 ans d’expérience gagnent de 55 001 $ à 70 000 $; et ceux qui ont plus de 20 ans d’expérience gagnent généralement jusqu’à 85 000 $.

En pensant à leur propre développement de carrière, la plupart des spécialistes en développement de carrière se voient rester avec leur employeur actuel. Au cours des cinq prochaines années, le tiers (33,5 %) prévoit occuper un rôle semblable au sein de la même entité,, alors que 19,3 % espèrent accéder à un poste de niveau supérieur au sein de la même entité, et 18,6 % prévoient changer d’employeur. Un peu plus de 1 spécialiste en développement de carrière sur 10 (11,6 %) a l’intention de prendre sa retraite d’ici 2025.

Par contre, les spécialistes en développement de carrière rapportent de nombreux problèmes à l’embauche de personnel pour des postes ouverts dans le domaine. Le premier problème (20,9 %) consiste à trouver des candidats qui ont des études ou une formation directe en développement de carrière. Le deuxième a trait au manque de compétences en développement de carrière (18,5 %), et le troisième, à l’expérience limitée dans le domaine (15,1 %). Quelques commentaires en particulier :

 « Pas de création de poste malgré demande accrue au service. »

« Pénurie de main-d’oeuvre qualifiée dans notre domaine. »

« Le nombre très limité de personnel professoral francophone formé dans le domaine de l’orientation professionnelle. »

Développement professionnel et amélioration des compétences

Bien que les spécialistes en développement de carrière valorisent le développement professionnel, les budgets fournis par les employeurs sont limités. Plus de 1 spécialiste en développement de carrière sur 4 (26,7 %) indique qu’il n’y a aucun budget de disponible pour le développement professionnel; 21,6 % rapportent qu’ils reçoivent moins de 500 $ par année et 19,5 % reçoivent entre 500 $ et 1 000 $. Toutefois, la grande majorité des spécialistes en développement de carrière (90,4 %) sont prêts à payer personnellement pour leur propre développement professionnel, et 52,0 % d’entre eux sont prêts à payer moins de 500 $ par année.

En ce qui concerne les méthodes d’apprentissage officielles, les spécialistes en développement de carrière préfèrent les interactions en personne. La moitié des répondants au sondage (50,7 %) ont dit que leur premier choix était les ateliers et les séminaires (en personne). Les méthodes qui complètent le top 3 sont les cours en ligne (37,0 %) et les congrès (36,1 %). En revanche, en ce qui a trait aux méthodes d’apprentissage non officielles, près des deux tiers des spécialistes en développement de carrière (62,7 %) font des recherches dans Internet pour se tenir au courant, 48,5 % visionnent des vidéos et 45,8 % consultent des magazines et des bulletins en ligne.

Lorsqu’on leur a demandé sur quels groupes de clients ils aimeraient le plus concentrer leurs efforts sur le plan du développement professionnel (et de sélectionner toutes les réponses pertinentes), la majorité des spécialistes en développement de carrière au Canada ont répondu qu’ils étaient intéressés par les stratégies et les outils qui les aident à travailler avec des adultes qui font face à une variété d’obstacles :

  • les adultes en transition de carrière (57,6 %);
  • les personnes souffrant de problèmes de santé mentale (41,0 %);
  • les nouveaux Canadiens et les immigrants (39,8 %);
  • les personnes à faible revenu (35,5 %);
  • les personnes sans emploi (35,3 %);
  • les étudiants de niveau postsecondaire (35,1 %).

Pour plus de la moitié des spécialistes en développement de carrière sondés, les compétences prioritaires élevées ou essentielles à acquérir au cours de la prochaine année sont : la gestion des relations-clients (ex. gestion de cas, animation de groupe et collaboration avec différents groupes) à 58,0 %; les pratiques en développement personnel et en réseautage (ex. établissement de la capacité dans la communauté, gestion du stress et leadership) à 55,3 %, et les compétences liées aux données sur les carrières (ex. information et tendances à venir sur le marché du travail) à 54,9 %. Les trois sujets sur lesquels les spécialistes en développement de carrière aimeraient le plus que les recherches en développement de carrière se concentrent sont : les techniques en orientation de carrière, l’information sur le marché du travail, comme les tendances en emploi, et la santé mentale, qui a fait un bond considérable dans cette liste alors qu’elle occupait la 7e place dans le sondage de 2015.

L’avenir : perceptions du public et les préoccupations des clients

With an eye to the future, career professionals anticipate the most significant changes in their practice over the next five years to be:

En ce qui concerne l’avenir, les spécialistes en développement de carrière s’attendent à voir les principaux changements suivants dans leur domaine dans les cinq prochaines années :

  1. changement dans les priorités, les processus ou le financement du gouvernement;
  2. effet de la technologie, de l’IA ou de l’automatisation sur les emplois et la recherche d’emploi;
  3. changements sur le marché du travail, évolution du marché de l’emploi et hausse de l’économie du partage;
  4. utilisation accrue des services, outils, ressources et médias sociaux en ligne;
  5. démographie changeante;
  6. travailler avec plus de clients ou d’étudiants confrontés à des obstacles.

Dans le même temps, les spécialistes en développement de carrière croient que des écarts subsistent dans la façon dont le public perçoit la valeur des services d’orientation professionnelle au Canada comparativement à la réalité :

  • De nombreux répondants (43,3 %) ont l’impression que le public ne sait pas que des services d’orientation professionnelle existent ou ne comprend pas l’étendue et la complexité des services : « très mitigés, souvent peu valorisés et méconnus ».
  • Un groupe plus petit de spécialistes en développement de carrière (17,7 %) croit que les services d’orientation professionnels sont perçus de façon positive, puisqu’ils peuvent changer des vies, mais la façon dont les services d’orientation professionnelle fonctionnent ne semble pas être claire : « La valeur semble avoir remonté dans les dernières années, mais le public ne sait pas toute l’aide que nous pouvons apporter ».
  • Un nombre plus petit de répondants (10,7 %) pense que le public donnerait des commentaires différents sur les services d’orientation professionnelle selon l’étendue de leurs expériences personnelles : « Sentiments variés selon l’expérience de chacun, ayant eu un contact ou non avec l’un de ces spécialistes, une bonne ou une mauvaise expérience, ou une expérience significative ou non ».
  • Et finalement, un nombre similaire (10,2 %) pense principalement que le public est mal informé, confus ou irréaliste quant à la nature des services d’orientation professionnelle : « Je pense qu’ils comprennent mal notre travail. Je pense qu’ils nous perçoivent comme accessibles seulement dans les centres de carrière collégiaux ou universitaires ou par les programmes à faibles revenus du gouvernement ».

Pour la première fois, le Sondage du CERIC auprès des spécialistes en développement de carrière a aussi posé une série de questions sur les inquiétudes, les regrets et les mythes que les clients partagent avec les spécialistes en développement de carrière. Les spécialistes en développement de carrière sondés signalent que les étudiants et adultes qu’ils conseillent leur disent souvent que, s’ils le pouvaient, ils retourneraient dans le temps pour changer leur choix de carrière. Parmi leurs clients :

  • 71,7 % disent « J’aurais dû faire en sorte de mieux me comprendre et de choisir une carrière qui correspond à mes valeurs. »
  • 66,5 % disent « J’aurais souhaité ne pas subir de pression dans mon choix de carrière afin d’éviter de suivre un parcours qui ne correspond pas à mes aspirations. »
  • 61 % disent « J’aurais dû éviter de jouer la carte de la sécurité et de laisser la peur orienter mes choix de carrière ».
  • 58,8 % disent « J’aurais dû éviter de me limiter si tôt dans mes options, afin de pouvoir explorer d’autres carrières. »

Les spécialistes en développement de carrière indiquent que les Canadiens désirent un équilibre entre la recherche d’une carrière qui les passionne et les réalités économiques. Leurs clients sont divisés également : 49,4 % sont préoccupés par leur capacité de trouver un emploi bien rémunéré et 45,3 % ont peur de ne pas prendre la « bonne » décision quant à leur carrière. Au Québec, toutefois, le pourcentage de clients qui demandent de l’aide pour prendre des décisions relatives à leur carrière passe à 70,2 % Fait à noter : seulement 3,2 % des spécialistes en développement de carrière déclarent à l’échelle nationale que leurs clients craignent l’intelligence artificielle et l’automatisation, et leurs impacts potentiels sur leurs perspectives d’emploi, ce qui est étonnant, en raison du débat public autour du remplacement des travailleurs par la technologie.

Nous poursuivrons l’examen des résultats du sondage au cours de l’année en effectuant des analyses régionales et sectorielles, et en établissant des comparatifs avec les sondages précédents.