Le sondage démontre que les professionnels de la carrière trouvent de nouvelles façons d’aider leurs clients, mais les problèmes de santé mentale et l’épuisement professionnel apparaissent comme des risques
Au Canada, les intervenants en emploi et en développement de carrière continuent à trouver des moyens novateurs de s’adapter à la pandémie de COVID-19 et de répondre aux besoins de leurs clients et de leurs étudiants, mais certains défis demeurent. Dans le cadre d’un nouveau sondage concernant les services d’orientation professionnelle et d’emploi, près de la moitié des répondants (49,4 %) ont indiqué avoir développé de nouveaux partenariats ou services au cours de l’été, par rapport à 25,9 % en juin. Depuis le début de la pandémie, le CERIC a suivi l’évolution des services d’orientation professionnelle et d’emploi pour vérifier comment ils étaient affectés par la situation, et il a fait part de ses constats aux intervenants dans le domaine.
En juin, le CERIC a mené son premier sondage éclair sur la reprise des activités auprès de 1 146 professionnels du développement de carrière partout au pays. En juillet et août, des entrevues de suivi ont été réalisées avec des personnes sélectionnées afin d’examiner plus en détail certaines des expériences que les intervenants vivaient. Entre le 10 et le 18 septembre, le CERIC a communiqué avec un échantillon de participants qui avaient répondu à son sondage de juin et qui ont accepté de répondre à un deuxième sondage ayant pour but de vérifier comment les choses avaient changé pour eux. Au total, 195 personnes ont répondu, ce qui a permis au CERIC de se faire une idée de la façon dont certains intervenants ont vu leur travail évoluer au cours des derniers mois.
Dans l’ensemble, la demande de services et de programmes pendant les mois d’été a varié :
- 37,3 % des répondants ont indiqué une diminution de la demande,
- 32,6 % ont indiqué une augmentation, et
- 30,1 % n’ont signalé aucun changement.
Plusieurs répondants – 48,8 % – ont continué à dire qu’ils seraient en mesure de poursuivre leurs activités, mais que leurs services et programmes seront légèrement modifiés, par rapport à 54,7 % en juin.
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De nombreux répondants ont donné des exemples de la façon dont ils ont pu surmonter certains défis et faire preuve de résilience. Des commentaires ont été partagés concernant les éléments suivants :
- Trouver de nouveaux moyens de soutenir les clients et les étudiants : « Toutes nos animations en classe ont dû être modifié. L’organisation d’une soirée des cégeps a dû être annulé et revisité. C’est quand même stimulant de devoir revoir nos pratiques. Ça demande plus de temps sauf qu’il ne faut pas s’attendre qu’on puisse tout faire comme avant. Il faudra laisser tomber certaines activités pour l’année en cours. Par exemple, abandonner l’animation d’une activité en S1 pour privilégier les S5. »
- Mise en œuvre de solutions techniques : « Le travail d’équipe à distance pour un projet de formation a demandé un ajustement et les réunions Zoom ont grandement facilité la tâche et l’entente entre collègues. »
- Maintenir l’équilibre entre le travail et la vie personnelle : « Je travaillais déjà à domicile avant le COVID, mais lorsque la fermeture s’est produite, mes enfants et mon conjoint étaient à la maison. Le défi auquel nous avons été confrontés était une réduction significative du temps disponible pour travailler et un équilibre entre les besoins de chacun en ce qui concerne le travail et l’école. Je ne sais pas si nous travaillions différemment, mais nous avons essayé à tour de rôle de gérer les enfants, notre travail et de travailler à des heures différentes. En termes de résilience… je pense que nous essayions simplement de survivre et que nous ne prospérions pas.»
- Créer des liens avec les membres du personnel : « Nous manquions de contacts informels entre collègues, nous avions donc moins accès aux savoirs et compétences les uns des autres. Nous tentons de nous rencontrer plus souvent en grand groupe et depuis le retour partiel au bureau, nous avons repris l’habitude de ces petites discussions brèves. »
- Faire face à l’évolution de la demande : « Le nombre de client est moindre, on fait de la publicité dans les journaux locaux et sur Facebook. Nous glissons également notre dépliant aux portes de résidences de quartiers plus affectés. »
- Gérer un éventuel retour au bureau : « Je pense que le plus grand défi pour moi a été d’équilibrer les défis de santé mentale et physique du personnel. Certains membres du personnel aimeraient être au bureau tous les jours pour leur propre santé mentale et d’autres membres du personnel craignent d’avoir trop de gens autour en raison de leur systèmes immunitaires affaiblis. Nous travaillons dans des modules où nous travaillons toujours les mêmes jours pour maintenir la santé du personnel. La haute direction souhaite que nous soyons tous régulièrement au bureau et cela changera une fois de plus la dynamique de la santé mentale du personnel. »
Les répondants ont noté de légères améliorations au cours des mois d’été dans la façon dont leurs étudiants et clients percevaient la situation qu’ils vivaient. En septembre, 21,8 % ont indiqué que leurs clients et étudiants considéraient cette situation comme une source de possibilités, par rapport à 13,5 % en juin. Dans l’ensemble, cependant, la grande majorité des répondants, soit 78,2 % en septembre (comparativement à 86,5 % en juin), ont continué à dire que cette situation représentait une source de stress pour leurs clients et étudiants.
On a également demandé aux intervenants de se projeter dans les mois à venir, en les invitant à donner leur avis sur ce à quoi pourrait ressembler leur environnement de travail et ce que cela signifie pour eux. La plupart des répondants (38,8 %) ont répondu qu’ils envisageaient un retour partiel au bureau dans les mois à venir, soit quelques jours au bureau et quelques jours à la maison. En outre, 26,8 % des répondants ont indiqué qu’ils étaient déjà de retour au bureau à temps plein, tandis que 21,3 % d’entre eux prévoyaient continuer à travailler à domicile jusqu’à la fin de 2020.
Lorsqu’on leur a demandé quelles seraient les conséquences de la poursuite du travail à distance, une majorité a estimé que leur capacité à travailler se poursuivrait pratiquement sans entrave.
D’un autre côté, l’épuisement professionnel a été identifié comme une réelle éventualité pour de nombreux répondants dans les mois à venir, et que le problème était possiblement encore plus aigu pour les hauts dirigeants. Dans l’ensemble, 35,5 % des répondants se disaient modérément ou très inquiets d’en arriver à l’épuisement. En comparaison, 42,9 % d’entre eux se disaient modérément ou très préoccupés par les risques d’épuisement de leurs cadres supérieurs.
De même, la santé mentale des intervenants et des clients et étudiants qu’ils servent est une préoccupation importante. Il convient de noter que sept répondants sur dix (70,3 %) ont indiqué une détérioration de la santé mentale de leurs clients et étudiants. Parallèlement, 38,1 % ont constaté une détérioration similaire de leur propre santé mentale.
Comme la situation liée à la COVID-19 présente encore une incertitude dans tous les aspects de la société, le CERIC continuera à suivre de près l’évolution du domaine, les défis les plus épineux et les nouvelles occasions qui se présentent. De plus, le CERIC continuera à faire de la sensibilisation auprès de notre secteur et à partager ce qu’il a appris afin que d’autres puissent en bénéficier. Vers la fin de 2020, le CERIC lancera son troisième sondage éclair sur la reprise des activités afin de dresser un nouveau portrait de la situation et voir comment les choses évoluent.