Mettre à profit les objectifs de développement durable des Nations Unies dans les pratiques de développement de carrière

Candy Ho

author headshotMalgré tous nos efforts, le développement de carrière reste un domaine sous-estimé que le grand public connaît peu. Nous avons une occasion en or d’aider les gens à se rendre compte de l’impact et de la valeur des intervenants en développement de carrière pour l’enrichissement des vies et des collectivités.

Voici un exemple : en 2021, le Conseil de l’information sur le marché du travail et le Centre des Compétences futures révélaient que seulement 19 % des Canadiens âgés de 25 à 64 ans ont eu recours à des services d’orientation professionnelle au cours des cinq dernières années. Ce pourcentage est nettement inférieur à celui des autres pays de l’OCDE. Cela étant dit, 95 % des personnes qui ont eu recours à des services d’orientation professionnelle ont déclaré que leur expérience avait entraîné des changements positifs.

Du côté des employeurs, selon le sondage du CERIC auprès des entreprises, seulement 12 % des cadres interrogés avaient travaillé avec des professionnels du développement de carrière, tandis que 45 % ont déclaré ne pas connaître ces professionnels avant le sondage. Pourtant, 73 % des cadres estiment que les employeurs ont la responsabilité d’offrir des programmes de gestion de carrière, citant des besoins en matière de formation des employés, de perfectionnement et d’établissement d’objectifs de carrière.

Ces sondages montrent que le développement de carrière est en quelque sorte un superpouvoir « secret »; c’est seulement lorsqu’il est découvert que son potentiel est libéré. Il nous incombe à tous de faire en sorte que ce superpouvoir devienne le secret le moins bien gardé, afin que le développement de carrière soit intégré au tissu même de la vie.

Il faut absolument engager un plus grand nombre de personnes dans le développement de carrière en cette période de grands bouleversements. Celle-ci est difficile à vivre pour beaucoup de gens qui se sentent anxieux et dépassés par les événements. En même temps, les chercheurs d’emploi et les intervenants en perfectionnement professionnel cherchent à donner un sens à leur vie et à contribuer à améliorer la société.

sdgs.un.org/fr/goals

Un cadre qu’il est possible d’appliquer au développement de carrière pour aider les gens à trouver un sens est celui des objectifs de développement durable des Nations Unies. Les objectifs de développement durable des Nations Unies sont « un appel urgent à l’action de tous les pays… ils reconnaissent que l’élimination de la pauvreté et des autres privations doit aller de pair avec des stratégies pour améliorer la santé et l’éducation, réduire les inégalités et stimuler la croissance économique, tout en s’attaquant aux changements climatiques et en œuvrant à la préservation de nos océans et de nos forêts » (https://sdgs.un.org/fr/goals).

Les 17 objectifs de développement durable, adoptés en 2015 par les 193 États membres de l’ONU, dont le Canada, sont interreliés. À noter : l’objectif 17, appelé « partenariats pour la réalisation des objectifs », qui souligne l’idée que chacun joue un rôle dans la réalisation des 16 autres objectifs, y compris les professionnels du développement de carrière. Je suis persuadée que notre secteur d’activité a la capacité unique de servir d’intermédiaire entre les objectifs de développement durable et le développement de carrière des personnes.

Les objectifs de développement durable fournissent un cadre pour repérer les possibilités de carrière qui sont axées sur des défis. Cela peut aider les gens à trouver une direction et un but à leur travail. Au lieu de demander aux clients de choisir d’abord les emplois auxquels ils souhaitent postuler, demandons-leur de commencer par réfléchir à un problème local ou mondial qu’ils souhaitent contribuer à résoudre. C’est ce que je fais dans le cadre de mon cours d’apprentissage fondamental sur la carrière pour étudiants en dernière année. Les étudiants « nomment leur défi » en déterminant un ou plusieurs objectifs de développement durable qu’ils pourraient s’imaginer contribuer à faire progresser. Tout au long du semestre, ils apprennent à mettre leurs connaissances, leurs compétences et leurs talents au service des rôles professionnels auxquels ils aspirent.

Les objectifs de développement durable permettent aussi aux professionnels du développement de carrière de comprendre la valeur de notre travail d’une manière nouvelle et plus large. Mes nouveaux étudiants ont souvent des objectifs professionnels étroits (« Je veux étudier le droit et gravir les échelons pour devenir associé dans un cabinet d’avocats »). Intégrer les objectifs de développement durable au cours a permis d’étendre leurs possibilités de carrière. Les étudiants réfléchissent maintenant tout d’abord à la manière dont ils veulent faire une différence à l’échelle locale ou mondiale, comme réduire les inégalités ou favoriser l’eau potable et les installations d’assainissement. Ils réfléchissent à la raison pour laquelle ils ressentent le besoin de faire une telle différence avant de déterminer les rôles professionnels possibles qui leur permettraient d’agir pour faire avancer ces objectifs; en reliant la tête au cœur, pour ainsi dire. Mettre l’accent sur le but plutôt que sur l’occupation reconnaît notre travail de professionnels du développement de carrière qui consiste à aider les clients à réfléchir à ce qui donne un sens à leur vie et à ce qui compte vraiment pour eux.

Au fond, notre travail en développement de carrière consiste à réfléchir, à explorer et à développer en permanence les qualités, les expériences et les compétences de chacun, et à imaginer la manière de faire compter ces éléments dans nos rôles de la vie quotidienne. L’utilisation de cadres mondiaux tels que les objectifs de développement durable peut aider chacun à comprendre le développement de carrière de manière plus tangible. Cela rend le développement de carrière plus accessible et permet de mieux réaliser l’impact et la valeur de notre travail.

Candy Ho, Ph. D. est présidente du conseil d’administration du CERIC. Elle est la première professeure adjointe du programme d’apprentissage fondamental et de planification intégrée de carrière de l’Université Fraser Valley en Colombie-Britannique, au Canada. En outre, elle a été nommée pour un an au poste de responsable universitaire des objectifs de développement durable à l’Université polytechnique Kwantlen.