Bien que de plus en plus d’étudiants handicapés fréquentent les établissements postsecondaires canadiens, certaines structures, la discrimination et l’aliénation de certains droits les empêchent d’avoir accès à des services d’orientation professionnelle et à des programmes d’apprentissage intégré, a révélé le rapport final d’un projet financé par le CERIC et réalisé par l’Association nationale des étudiant(e)s handicapé(e)s au niveau postsecondaire (NEADS). Le rapport, Accessibilité, conception universelle et de services d’orientation professionnelle (en anglais), indique que les étudiants handicapés doivent avoir plus d’occasions d’acquérir des compétences et de l’expérience de travail, notamment par des programmes d’alternance travail-études, de mentorat ou de bénévolat.

Ce rapport de la NEADS regroupe les résultats d’un ensemble d’études portant sur différents jeux de données et différentes populations d’étudiants handicapés. Il comprend également un sondage auprès des spécialistes en développement de carrière de niveau postsecondaire. L’objectif du rapport est d’améliorer la compréhension des lacunes actuelles et de décrire les meilleures pratiques en matière d’accommodement et de conception universelle des services d’orientation professionnelle. Le soutien du CERIC a permis d’élargir l’étude dans le cadre du projet Accessibilité et conception universelle en matière de programmes et de services de transition de carrière (en anglais), financé par Emploi et Développement social Canada de 2016 à 2018. Ce projet a réalisé un examen minutieux des mesures d’accessibilité, des services, des accommodements, du matériel technique et des services de soutien offerts aux étudiants handicapés qui fréquentent les établissements postsecondaires canadiens financés par l’État.

Voici certaines des principales conclusions de l’étude :

  • L’accessibilité et les efforts d’inclusion dans le milieu postsecondaire n’ont pas progressé au même rythme que le parcours des étudiants et sont limités au cadre universitaire (apprentissage en classe et en ligne). L’accès aux apprentissages parallèles, aux apprentissages intégrés au travail et au perfectionnement professionnel doit être amélioré.
  • Les étudiants handicapés ont rarement accès à des expériences non pédagogiques pouvant mener à des emplois : emplois d’été, emplois à temps partiel durant l’année scolaire, stages, programmes d’alternance travail-études.
  • Les programmes d’éducation opposent encore d’importants obstacles transitionnels, et les étudiants handicapés qui terminent leurs études postsecondaires rencontrent des défis particuliers lorsqu’ils arrivent sur le marché du travail ou décident de poursuivre leurs études postsecondaires.

Les résultats de l’Enquête canadienne sur l’incapacité (Statistique Canada, 2012) et de l’étude menée par un regroupement d’universités et de collèges canadien (2015) ont aussi été pris en compte. L’étude du regroupement d’universités et de collèges canadiens comprend les résultats d’un sondage sur les types d’expériences de travail, la motivation à poursuivre des études supérieures, les objectifs professionnels des étudiants handicapés et les mesures qui aideraient ces étudiants à se préparer pour le marché de l’emploi. L’Enquête canadienne auprès des étudiants à la maîtrise et au doctorat (2016), qui est axée sur les étudiants handicapés des cycles supérieurs, a aussi été examinée. Cette enquête dresse notamment un portait de l’expérience des étudiants autochtones ayant une déficience et des étudiants aux cycles supérieurs qui étudient dans des disciplines STIM. Cette masse de rapports sur le parcours postsecondaire et l’expérience de travail des Canadiens handicapés fournissent des renseignements et des idées très utiles.

Voici quelques faits importants :

  • Des 3 775 910 Canadiens handicapés âgés de 15 ans et plus, 190 290 fréquentent un établissement postsecondaire.
  • Comparativement aux étudiants handicapés qui ne fréquentent pas l’université, le bassin des étudiants universitaires handicapés est composé de personnes plus jeunes, d’un peu plus de femmes, d’un peu moins d’Autochtones, de plus d’immigrants et de moins de membres des minorités visibles.
  • Le handicap le plus répandu parmi les étudiants universitaires est la douleur. Cette difficulté est fréquemment accompagnée de problèmes de mobilité ou de flexibilité ou causée par un problème de santé mentale. Les problèmes de santé mentale sont le deuxième handicap le plus répandu.
  • Le taux d’emploi chez les Canadiens handicapés âgés de 25 à 64 ans est de 49 %, comparativement à79 % chez les Canadiens non handicapés. La différence entre le taux d’emploi des personnes avec incapacité et celui des personnes sans incapacité est moindre parmi les diplômés universitaires.
  • Aux cycles supérieurs, les étudiants handicapés sont généralement plus âgés que les étudiants non handicapés. Ils sont aussi plus susceptibles d’étudier en arts et en sciences humaines qu’en gestion des affaires ou en génie.
  • Environ 60 % des étudiants handicapés de premier cycle prévoient de poursuivre leurs études ou faire du perfectionnement professionnel une fois leur diplôme obtenu, que ce soit dans un établissement d’études supérieures (38 %) ou une école professionnelle (22 %).
  • Trente-trois pour cent des étudiants handicapés ont dit avoir un emploi qui les attend au terme de leurs études. De ce nombre, 44 % ont indiqué que l’emploi en question était associé de près aux compétences et aux connaissances qu’ils avaient acquises, et 38 % que l’emploi demandait le diplôme particulier qu’ils étaient en voie d’obtenir.
  • La quasi-totalité des étudiants handicapés de premier cycle a déclaré avoir pris au moins une mesure pour se préparer au marché de l’emploi, généralement de façon informelle (comme des discussions sur les choix de carrière avec leurs pairs, leurs parents ou des professeurs).

Entre la fin de 2018 et le début de 2019, dans le cadre de ce projet de recherche, la NEADS a aussi mené un sondage national auprès des professionnels de l’orientation des établissements postsecondaires canadiens afin de comprendre leur expérience de travail avec les étudiants handicapés. Les répondants ont notamment rapporté les défis suivants :

  • Les problèmes et les questions des étudiants en ce qui a trait à la divulgation de leur déficience aux employeurs
  • Le manque de programmes de sensibilisation ou de ressources qui permettraient aux organisations et aux employeurs d’embaucher plus de personnes handicapées
  • Le faible nombre de personnes handicapées embauchées par les employeurs en raison d’un manque de sensibilisation, de volonté ou de soutien
  • Les obstacles structurels dans les organisations

Selon le rapport, un des principaux problèmes est que les services aux étudiants handicapés des établissements postsecondaires canadiens reçoivent généralement des subventions pour offrir des accommodements en milieu éducatif, mais que les autres environnements d’apprentissage n’ont pas droit à ce type de subvention. Cette situation représente un risque d’obstacles importants pour les étudiants ayant une déficience qui souhaitent avoir accès à des apprentissages intégrés au travail. Ces centres de services n’ont souvent pas les effectifs nécessaires pour aider les autres services aux étudiants (comme les services de développement de carrière) à s’adapter aux besoins des étudiants ayant une déficience.

Le rapport encourage les spécialistes de l’orientation professionnelle à accroître leurs connaissances pour aider les étudiants handicapés à relever leurs défis particuliers et établir comment, de la conception universelle aux accommodements professionnels, ils peuvent miser sur leurs connaissances pour créer de nouveaux programmes dans leur établissement.