D’après un nouveau rapport de recherche (en anglais) d’un projet financé par le CERIC, il y a un besoin pressant pour une formation accrue des conseillers en services d’établissement – ceux qui sont aux premières lignes de l’accueil de nouveaux arrivants au Canada – alors que leur rôle se transforme en réponse à la hausse des niveaux d’immigration et à un contexte d’établissement de plus en plus complexe. La recherche pancanadienne, menée par deux conseillers de Toronto, recense huit compétences essentielles qui pourraient former la base d’une formation destinée à favoriser la réussite des conseillers en services d’établissement alors que leurs fonctions sont redéfinies et leurs responsabilités, élargies. Bien que la recherche porte sur le rôle des conseillers en services d’établissement, bon nombre de ses découvertes, conclusions et recommandations peuvent être appliquées à d’autres catégories de travailleurs de première ligne en services d’établissement.

Le Canada est largement reconnu comme ayant l’un des secteurs de services d’établissement les plus forts au monde. À la base de ce secteur, il y a 500 organismes sans but lucratif qui assurent des programmes et des services destinés à aider les nouveaux arrivants à s’adapter à la vie au Canada, notamment en améliorant leurs résultats sur le marché du travail. Les conseillers de première ligne en services d’établissement représentent l’un des premiers points de contact des immigrants, les aidant à s’adapter et à s’intégrer à la société canadienne. Mais, avec la hausse continue des niveaux d’immigration qui entraînera l’arrivée de plus d’un million de nouveaux arrivants entre 2019 et 2021, le rapport souligne que les organismes de services d’établissement ne peuvent suffire à la tâche.

Le rapport, intitulé The Competencies of Frontline Settlement Counsellors in Canada, a été rédigé par Iren Koltermann d’eCaliber Group et Dan Scott de Calience Research and Consulting. Il révèle que le travail des conseillers en services d’établissement ne doit pas se limiter à une approche traditionnelle de prestation de services directs aux immigrants. Il doit aussi inclure le renforcement des capacités dans les collectivités qui accueillent de nouveaux arrivants. Aujourd’hui, le rôle des conseillers en services d’établissement est fondamentalement à deux volets, chacun fondé sur le renforcement des capacités : autonomiser les nouveaux arrivants et autonomiser les collectivités qui les accueillent.

Les services directs – de tout temps la raison d’être du secteur des services d’établissement – consistent à évaluer les besoins des nouveaux arrivants et à leur fournir, de manière appropriée, information, orientation, recommandations et assistance directe, pour les aider notamment à s’y retrouver parmi les services juridiques, l’hébergement, les soins de santé, l’éducation, l’emploi et la formation linguistique, en plus de les aider à découvrir la société et la culture canadiennes.

L’aspect émergent du rôle des conseillers en services d’établissement est axé sur le renforcement des capacités au sein de la localité existante de manière à ce que celle-ci soit accueillante envers les nouveaux arrivants. Pour ce faire, il faudra influencer l’opinion publique pour surmonter les préjugés et les obstacles systémiques qui empêchent les immigrants de prendre part à la société et créer des milieux axés sur le principe de « l’unité par la diversité ». Le rapport démontre que cet aspect devient plus urgent et nécessite une plus grande attention.

Les huit compétences essentielles qui favorisent la réussite des conseillers en services d’établissement sont :

  • cerner les forces des nouveaux arrivants et déterminer leurs besoins;
  • aider les nouveaux arrivants à naviguer dans les systèmes sociaux et économiques;
  • aider les nouveaux arrivants à comprendre la société et la culture canadiennes et favoriser un sentiment d’appartenance;
  • défendre le bien-être des nouveaux arrivants;
  • contribuer à la création de milieux axés sur l’unité dans la diversité;
  • faire respecter l’intégrité;
  • faire la promotion de l’apprentissage;
  • favoriser l’initiative.

La recherche pour le rapport a consisté notamment à mener 40 entrevues approfondies et à organiser cinq groupes de discussion avec des conseillers, gestionnaires et coordonnateurs régionaux de services d’établissement en Nouvelle-Écosse, au Québec, en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique. Les sujets abordés étaient l’évolution de leur travail et leurs besoins en formation.

Les conseillers interviewés avaient étudié dans des domaines variés et la plupart étaient titulaires d’un diplôme universitaire. Seulement un quart avait fait des études en vue d’obtenir un diplôme ou un certificat dans le domaine des services d’établissement. Plusieurs gestionnaires interviewés ont indiqué qu’ils préféraient embaucher des personnes qui avaient elles-mêmes immigré au Canada, leur raisonnement étant qu’il est possible d’enseigner aux gens le Canada, mais pas l’expérience de quitter son pays natal pour s’établir dans un autre pays. Le salaire annuel maximum des conseillers en services d’établissement était de 46 000 $ à 52 000 $. La fidélisation a été citée comme obstacle, compte tenu des bas salaires généralement offerts dans ce domaine. De plus, la plupart des conseillers en services d’établissement voulaient conserver leurs fonctions et n’aspiraient pas à des postes supérieurs. Cependant, ceux qui désiraient faire progresser leur carrière ont découvert qu’il était difficile d’accéder à la formation nécessaire pour occuper un poste de direction.

Ce projet financé par le CERIC a été conçu pour contribuer aux connaissances croissantes utilisées par les organismes de soutien à l’établissement pour :

  • mieux faire connaître les travailleurs en services d’établissement;
  • aider à repérer des candidats potentiels pour le rôle;
  • fournir une formation initiale et continue; et
  • assurer un soutien adéquat au personnel talentueux.

Un rapport de recherche contextuel (en anglais) publié en janvier explore les réalités passées et présentes du secteur des services d’établissement au Canada. La recherche en cours a deux objectifs interreliés :

Le premier consiste à en apprendre davantage sur le travail des conseillers en services d’établissement et à recenser le cheminement de carrière de ce poste (en anglais).

Cheminement de carrière pour les conseiller(e)s en établissement

Le deuxième est de déterminer un modèle de compétences pour les conseillers en services d’établissement qui pourra servir de fondement à une formation efficace et abordable (en anglais)

Compétences générales d’un(e) conseiller(e) en établissement

Les auteurs du rapport estiment que les défis complexes que posent les services d’établissement nécessiteront que les bailleurs de fonds de l’État, les établissements d’enseignement et les fournisseurs de services d’établissement eux-mêmes soutiennent une formation qui permet de développer ces compétences et de tracer un cheminement de carrière dans le domaine. Compte tenu du rôle essentiel que jouent les conseillers en services d’établissement pour faciliter l’intégration des nouveaux arrivants, augmenter la capacité des collectivités d’accueil et accroître le soutien public à l’endroit de l’immigration, les services fournis par ces travailleurs deviendront de plus en plus importants à mesure que s’élèveront les niveaux d’immigration.

Pour vous renseigner sur ce projet et accéder aux rapports, visitez https://ceric.ca/fr/project/profil-des-travailleurs-en-services-detablissement/. Rester à l’écoute de l’annonce d’un webinaire et d’une tournée du CERIC gratuite dans le but de partager les conclusions du rapport.