2022

Vivez votre expérience Cannexus23, les inscriptions sont ouvertes

Le congrès en développement de carrière Cannexus 2023 – qui se tiendra pour la première fois comme un événement hybride – est maintenant ouvert aux inscriptions. Ce double format mis en place pour le 17e congrès annuel offrira le meilleur des deux mondes, proposant une occasion accessible, riche en contenu et en valeur aux communautés spécialisées en développement de carrière du Canada pour qu’elles puissent se réunir, échanger et apprendre. Le plus grand congrès bilingue sur le développement de carrière Cannexus23 aura lieu du 23 au 25 janvier 2023, à la fois virtuellement et à Ottawa, au Canada.

Cannexus rassemble des personnes de l’ensemble de l’écosystème du développement de carrière et de la main-d’œuvre pour explorer la recherche, les politiques et la pratique. Le congrès examinera l’impact global de l’évolution de carrière sur l’éducation, l’économie et la justice sociale, et proposera un contenu de renforcement des compétences. Les participants partageront des approches innovantes et échangeront des informations avec leurs pairs. Par le passé, nos congrès en direct ont attiré plus de 1 200 délégués et notre congrès virtuel plus de 2 300 délégués.

Le programme de Cannexus, tant pour la partie en personne que pour la partie virtuelle, est disponible. Le programme complet sera publié d’ici la fin du mois de septembre. Le contenu couvrira les sujets d’actualité et émergents en matière de développement de carrière, notamment : l’avenir du travail et des lieux de travail, le renforcement de la santé mentale et de la résilience, et les tendances du marché du travail post-COVID. Qu’il s’agisse de la partie en personne ou du congrès virtuel, les délégués pourront accéder à :

  • Plus de 150 séances en direct et sur demande
  • Des présentations de conférenciers provenant de tout le Canada et du monde entier
  • Des enregistrements disponibles pour tous les participants pendant six mois
  • Des possibilités de réseautage
  • La présence d’exposants

Pour cette édition de Cannexus, des tarifs spéciaux d’appréciation sont toujours offerts, ainsi que des réductions importantes pour les groupes, les étudiants et les membres d’un large éventail d’organisations collaboratives. Des bourses sont également disponibles pour aider les personnes à assister à la partie virtuelle du congrès. La Bourse Marilyn Van Norman sera décernée à 13 candidats d’organismes communautaires canadiens de bienfaisance ou sans but lucratif. De plus, la Bourse des jeunes professionnels soutiendra la participation de 12 nouveaux professionnels, la préférence étant accordée à ceux qui appartiennent à des groupes en quête d’équité. La date limite pour faire une demande de bourse est le 30 septembre 2022. Pour la première fois cette année, l’Association Asie-Pacifique pour le développement de carrière offrira également des bourses pour participer à Cannexus23.

Cannexus vous est présenté par le CERIC avec le soutien de The Counselling Foundation of Canada et d’un vaste réseau de partenaires. Pour plus d’informations sur le congrès virtuel et pour vous inscrire au tarif d’appréciation avant la date limite du 9 septembre, visitez cannexus.ceric.ca.

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Logiques de participation des jeunes dans les mesures d’emploi au Québec

Par Mouhamadou M. Sow (Cannexus23 – Lauréate du prix GSEP)

Malgré la panoplie de programmes et mesures publiques d’emploi, la question de la non-participation des jeunes sans emploi se pose aujourd’hui avec acuité au Québec et partout dans le monde(Binet, 2019; Longo et al., 2020). Les jeunes sont souvent les premiers touchés par les bouleversements du marché du travail (Lima, 2012), à côté d’autres groupes sous-représentés sur le plan de l’emploi au Québec (prestataires del’assistance sociale, travailleuses et travailleurs expérimentés, personnes immigrantes et personnes en situation de handicap (Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, 2020)). De plus, des études effectuées au niveau provincial, fédéral et international (Longo et al., 2020, 2021; OIT, 2020; Statistique Canada, 2020)montrent que la crise sociosanitaire liée à la COVID-19 a été particulièrement éprouvante pour la participation des plus jeunes (15-24 ans) aux mesures et aux programmes publics d’emploi, d’autant plus s’il s’agissait de jeunes femmes, de jeunes moins scolarisés, ou de jeunes immigrants récents ayant passé moins de 5 ans sur le marché du travail au Québec (Longo et al., 2020, 2021). Cette crise sociosanitaire aurait en effet renforcé les contraintes déjà connues auxquelles est confrontée depuis longtemps une bonne frange de la jeune population québécoise. Cela amène à nousquestionner sur les enjeux autour dela participationdes jeunesdans lesmesures d’emploi (Lima et Trombert, 2013; Provencher et Turcotte, 2014).

Les mesures d’emploi visant la mise en actiondes personnes sous-représentées sur le marché du travail constituent un élément central des réformes actuelles des politiquespubliquesvisant à mobiliserles ressources de main-d’œuvre, à développer des compétences reliées à l’emploi et à favoriser le bon fonctionnement dumarché du travail (Provencher et Turcotte, 2014).Pour y arriver, le régime québécois d’aide à l’emploi des personnes éloignées du marché du travail utilise un modèle de développement du capital humain qui mise sur la formation, l’éducation et l’encadrement rapproché des prestataires. Toutefois,ce type de régime est particulièrement favorable au durcissement des critères de participation avec l’introduction de contrepartiesou conditionnalités: par exempledans le cadred’Objectif Emploi, les primodemandeurs de l’aide socialesans contraintes à l’emploidevrontdisposer d’un plan d’intégration en emploi auprès d’une agente ou d’un agent d’aide à l’emploi pour ne pas avoir unebaisse del’aide sociale. Cela pourrait remettre en cause le principe de liberté de choix et de garantie des droitset influersurla propension au non-recours aux droits et services (Lima et Trombert, 2013; Nussbaum, 2012, Sen, 2010).

Plusieurs recommandations peuvent ressortir pour répondre aux enjeux actuels de la participation aux mesures d’emploi :1) Les politiques qui encouragent l’action doivent porter une attention particulière aux conditions des jeunes éloignés du marché du travail face à leur participation aux mesures. Il importe de concevoir des stratégies d’intervention flexibles et évolutives visant l’accompagnementglobal etpersonnalisé des jeunes (selon leurs besoins et leurs situations); 2) Les personnes intervenantes en employabilité gagneraient à être davantage outillées pour être en mesure de mettre à jour et de prévenir les différents facteurs d’éviction ou de non-réception des demandes.

Mouhamadou M. Sow Doctorant en éducation, Faculté d’éducation, Université de Sherbrooke. Il s’intéresse plus particulièrement à la définition, au déploiement et à l’accès effectif à des ressources plus inclusives au service du développement de carrière et d’une plus grande juste sociale

Références 

Binet, J. (2019). Les jeunes NEEF : Enjeux de définition et d’usage d’une catégorie d’action publique. Reflets : revue d’intervention sociale et communautaire, 25(1), 94‑110. https://doi.org/10.7202/1064669ar

Dufour, P., Boismenu, G., et Noël, A. (2003). L’aide au conditionnel: la contrepartie dans les mesures envers les personnes sans emploi en Europe et en Amérique du Nord. Presses de l’Université de Montréal.

Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité Sociale (2020). Rapport annuel 2019-2020. Québec, Canada : Gouvernement du Québec. Repéré à https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/travail-emploi-solidarite-sociale/publications-adm/rapport/RAG_MTESS_2019-2020.pdf

Lima, L. (2012). Les jeunes vulnérables : laboratoire de l’État social actif ?. Dans L. Francine (dir.), Inégalités entre jeunes sur fond de crise (p. 186-200). La Documentation française.

Lima, L. et Trombert, C. (2013). L’assistance-chômage des jeunes sous condition d’accompagnement. De quelques mécanismes du non-recours par éviction. Accompagnement des jeunes en difficulté, 70, 29-43.

Longo, M. E., Bourdon, S., Fleury, C., St-Denis, X., Gallant, N., Lechaume, A., Vultur, M. et Vachon, N. (2021). Du premier confinement au rebond partiel : l’impact de la première vague de la pandémie de la COVID-19 sur l’emploi des jeunes de 15 à 34 ans au Québec. INRS.

Longo, M. E., Fleury, C., Lechaume, A., Gallant, N., Bourdon, S. et Vultur, M. (2020). La chute de l’emploi touche davantage les 15-24 ans et les femmes. Réseau de recherche sur la jeunesse du Québec. http://chairejeunesse.ca/node/1145

Nussbaum, M. C. (2012). Capabilités. Comment créer les conditions d’un monde plus juste ? Éditions Climats.

Organisation International du Travail. (2020). Les jeunes et le Covid-19 : impacts sur les emplois, l’éducation, le droit et les bien être mental. Repéré à https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—ed_emp/documents/publication/wcms_753053.pdf

Provencher, Y. et Turcotte, D. (2014). L’aide à l’insertion professionnelle des personnes inscrites à l’assistance sociale au Québec : tendances de la participation à la mesure de formation de la main-d’œuvre 2005-2011. Mesures de soutien aux clientèles vulnérables, 60(2), 53-70.

Sen, A. (2010). L’idée de justice (P. Chemla, trad.). Flammarion. (Ouvrage original publié en 2009)

Statistiques Canada. (2020). Mesurer le marché du travail pour la période du 15 au 21 mars : Ce n’est pas un exercice ordinaire (publication n° 11-001-X). Repéré à https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/200409/dq200409a-fra.htm?CMP=mstatcan

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L’autocompassion une approche bienveillante pour favoriser la motivation autodéterminée en contexte d’indécision de carrière

Par Viviane Poirier (Cannexus23 – Lauréate du prix GSEP)

La prise de décision de carrière est une tâche développementale importante chez les jeunes adultes ayant un impact majeur sur leur statut économique et social ainsi que leur bien-être émotionnel (Amir et Gati, 2006; Gati et al., 1996). Cependant, le caractère instable et changeant du marché du travail ainsi que la multiplication des opportunités de carrière rendent ce type de décision particulièrement complexe (Gray et al., 2021; Lent et Brown, 2013). La démarche d’orientation de carrière, auparavant composée d’un seul choix vocationnel, est maintenant un processus de réévaluation continue face au marché du travail (Savickas, 2011). Les jeunes adultes, ayant moins d’information et d’expérience sur la prise de décision vocationnelle, sont particulièrement susceptibles de vivre de l’indécision de carrière (Amir et Gati, 2006). Par exemple, Academos (2021) rapporte que 57 % des Canadiens de 14 à 30 ans ont remis en question leur choix de carrière depuis mars 2020. Ainsi, il s’avère plus important que jamais d’identifier les facteurs permettant d’élaborer un choix de carrière éclairé chez les jeunes adultes.

Il semblerait que les individus basant leur choix de carrière sur des raisons davantage instrumentales ou pour éviter des émotions négatives (culpabilité, anxiété) auraient tendance à moins persister dans leurs activités d’exploration de carrière, ce qui aurait un impact sur leur niveau d’indécision. À l’inverse, les individus basant leurs choix sur leurs intérêts et leurs valeurs auraient tendance à être plus engagés dans leurs activités d’exploration, ce qui diminuerait leur sentiment d’indécision (Paixão et Gamboa, 2021). Selon la théorie de l’autodétermination (Deci et Ryan, 2000), cela fait référence à la motivation autodéterminée (davantage liée aux valeurs profondes et aux intérêts de l’individu) alors que la motivation contrôlée, par contraste, est liée à des facteurs tels qu’une pression personnelle, sociale ou financière. Chez les jeunes adultes, plusieurs études indiquent que la motivation autodéterminée serait associée à de meilleurs résultats scolaires ainsi qu’à moins d’indécision et de décrochage scolaire que la motivation contrôlée (Guay, 2005; Taylor et al., 2014). Il est ainsi pertinent de s’intéresser aux facteurs pouvant y contribuer.

Selon l’étude de Kotera et ses collaborateurs (2021), une plus grande disposition à l’autocompassion faciliterait la motivation autodéterminée en favorisant une approche davantage axée sur le développement personnel et l’apprentissage, plutôt que sur la peur d’échouer ou l’approbation des autres. Plusieurs études démontrent que l’autocompassion, une attitude de bienveillance et de non-jugement envers soi-même (Neff, 2003), favoriseraient le plaisir et la motivation à apprendre ainsi qu’une meilleure capacité à faire face à l’échec (Neff et al., 2005). En ce sens, l’autocompassion favoriserait la motivation intrinsèque, puisque les choix seraient davantage formulés en fonction de l’expression de soi, du bien-être et de l’apprentissage continu (Hope et al., 2014; Kotera et al., 2019). Par ailleurs, des études démontrent que des interventions d’autocompassion peuvent avoir un impact significatif sur le bien-être, l’auto-efficacité et la motivation à apprendre (Ferrari et al., 2019; Smeets et al., 2014). Favorisant le développement personnel, le bien-être et l’autodétermination, l’autocompassion pourrait être particulièrement pertinente pour réduire l’indécision de carrière chez les jeunes adultes. À ce jour, aucune étude ne s’est penchée sur cette question.

En ce sens, une étude longitudinale est présentement menée auprès de jeunes de 18 à 35 ans en démarches d’employabilité dans le cadre de mon mémoire. Cette étude permettra de mieux comprendre le lien entre l’autocompassion et l’indécision de carrière à travers l’effet médiateur de la motivation autodéterminée. De futures publications permettront d’en présenter les résultats.

Viviane Poirier est une étudiante à la maitrise en counseling de carrière à l’UQÀM sous la direction de Geneviève Taylor. Également bachelière en psychologie, ses intérêts de recherche portent principalement sur les enjeux de carrière des jeunes adultes, notamment en ce qui concerne la formulation des objectifs vocationnels et la persévérance envers ceux-ci.

Références

Academos. (2021). Impact de la pandémie sur le choix de carrière des étudiants québécois et canadiens. Récupéré de  https://academos.qc.ca/wp-content/uploads/2021/02/Academos_rapport_pandemie_carriere_mix.pdf 

Amir, T. et Gati, I. (2006). Facets of career decision-making difficulties. British Journal of Guidance and Counseling, 34, 483–503. doi:10.1080/03069880600942608 

Deci, E. L. et Ryan, R. M. (2000). Intrinsic and extrinsic motivations: Classic definitions and new directions. Contemporary educational psychology, 25(1), 54-67. https://doi.org/10.1006/ceps.1999.1020 

Ferrari, M., Hunt, C., Harrysunker, A., Abbott, M. J., Beath, A. P. et Einstein, D. A. (2019). Self-compassion interventions and psychosocial outcomes: A meta-analysis of RCTs. Mindfulness, 10(8), 1455-1473. https://doi.org/10.1007/s12671-019-01134-6  

Gati, I., Krausz, M. et Osipow, S. H. (1996). A taxonomy of difficulties in career decision-making. Journal of Counseling Psychology, 43, 510-526. doi:10.1037/0022-0167.43.4.510 

Gray, M., Kim, M. et Lee, S. (2021). Simplifying the measurement of college students’ career planning: The development of career student planning scale during the COVID-19 pandemic. Experimental Results, 2 (4), 1-11.  doi:10.1017/exp.2020.69 

Guay, F. (2005). Motivations underlying career decision-making activities: The career decision-making autonomy scale (CDMAS). Journal of Career Assessment, 13(1), 77‑97. doi: 10.1177/1069072704270297  

Hope, N., Koestner, R. et Milyavskaya, M. (2014). The role of self-compassion in goal pursuit and well-being among university freshmen. Self and Identity, 13(5), 579‑593. https://doi.org/10.1080/15298868.2014.889032 

Kotera, Y., Conway, E. et Van Gordon, W. (2019). Ethical judgement in UK business students: Relationship with motivation, self-compassion and mental health. International Journal of Mental Health and Addiction, 17(5), 1132‑1146. https://doi.org/10.1007/s11469-018-0034-2  

Kotera, Y., Taylor, E., Fido, D., Williams, D. et Tsuda-McCaie, F. (2021). Motivation of UK graduate students in education: self-compassion moderates pathway from extrinsic motivation to intrinsic motivation. Current Psychology, 1-14. https://doi.org/10.1007/s12144-021-02301-6  

Lent, R. W. et Brown, S. D. (2013). Social cognitive model of career self-management: Toward a unifying view of adaptive career behavior across the life span. Journal of Counseling Psychology, 60, 557–568. doi:10.1037/a0033446  

Neff, K. (2003). Self-compassion: An alternative conceptualization of a healthy attitude toward oneself. Self and Identity, 2(2), 85‑101. doi: 10.1080/15298860309032 

Neff, K. D., Hsieh, Y.-P., & Dejitterat, K. (2005). Self-compassion, achievement goals, and coping with academic failure. Self and Identity, 4(3), 263–287.  

Neely, M. E., Schallert, D. L., Mohammed, S. S., Roberts, R. M., & Chen, Y.-J. (2009). Self-kindness when facing stress: The role of self-compassion, goal regulation, and support in college students’ well-being. Motivation and Emotion, 33(1), 88–97. https://doi.org/10.1007/s11031-008-9119-8 

Paixão, O. et Gamboa, V. (2021). Autonomous versus controlled motivation on career indecision: The Mediating Effect of Career Exploration. Journal of Career Development 1, 1-14. https://doi.org/10.1177/0894845321992544 

Savickas, M. L. (2011). Career counseling. Washington, DC: American Psychological Association.  

Smeets, E., Neff, K., Alberts, H. et Peters, M. (2014). Meeting suffering with kindness: Effects of a brief self‐compassion intervention for female college students. Journal of clinical psychology, 70(9), 794-807. https://doi.org/10.1002/jclp.22076 

Taylor, G., Jungert, T., Mageau, G. A., Schattke, K., Dedic, H., Rosenfield, S. et Koestner, R. (2014). A self-determination theory approach to predicting school achievement over time: The unique role of intrinsic motivation. Contemporary Educational Psychology, 39(4), 342-358. 

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L’ère de intelligence artificielle en milieu de travail

Par Mimoudi Aziz

L’économie mondiale est influencée par la digitalisation de l’industrie, les technologies émergentes ne modifient pas seulement le domaine de la formation et de l’éducation, elles modifient aussi notre relation avec l’information, affectant ainsi notre manière de penser, d’interagir de se développer et de travailler (Walcutt et Schatz, 2019). 

Le forum économique mondial de 2020, avait prévu une forte demande sur le marché de l’emploi de plusieurs spécialités qu’on ne connaissait pas avant, notamment dans le domaine de l’économie verte, l’économie des données et de l’intelligence artificielle, ainsi que dans l’ingénierie, l’informatique en nuage et le développement de produits. 

Dans une perspective de réponse à ces appels au changement inéluctable, et dans un contexte économique mondial difficile et plongé dans l’incertitude et la concurrence rude (Sahay, 2014), un grand nombre d’entreprises a déjà commencé à mettre en place des stratégies de développement de compétences, permettant à leurs employés de mettre à jour et de perfectionner leurs savoir-faire et savoir être. Il y en a qui ont opté pour les conférences, les forums et le coaching professionnel pour accompagner leurs personnels dans ces initiatives, d’autres ont préféré investir dans la formation continue. Ainsi, de plus en plus de firmes se rendent compte que l’adoption des nouvelles technologies dans leur quotidien doit-être une priorité dans leur plan de développement stratégique et doit aller de pair avec le développement interne des talents. 

Lors d’une enquête récente, Pluralsight, (2022) a interrogé plus de 900 leaders technologiques et directeurs à travers le monde. Parmi ceux-ci, 70 % croient que le succès dans les prochaines années dépend de leur capacité à utiliser la technologie pour générer des résultats commerciaux et à avoir les bonnes personnes possédant les bonnes compétences pour mettre rapidement des innovations sur le marché. 

Dans plusieurs pays, les directeurs des ressources humaines commencent à dresser des inventaires des compétences à développer chez leurs employés, et créer des planifications de programmes de formation continue autour de celles à acquérir dans les prochaines années, et élaborer des stratégies à adopter pour entrer dans le monde de demain (Emily, 2018).  

Cette opération aussi grande et complexe soit-elle, a recours de plus en plus à l’intelligence artificielle (IA) comme pilier pour mettre en place, recommander, différencier, personnaliser et adapter l’offre de formation et augmenté les chances d’avoir des objectifs bien ciblés et des résultats plus efficaces.  

L’IA est implémentée de plus en plus dans les différentes étapes de ce processus, surtout lorsqu’il est question d’une grande masse salariale, et ce, depuis le recrutement jusqu’à la rétention des travailleurs talentueux (Allal-Chérif et al. 2021). 

L’IA est utilisée en phase de recrutement pour mesurer le degré de compatibilité des candidats avec le poste auquel ils postulent, et avec la culture de l’entreprise choisie. L’analyse des données facilite la sélection de meilleurs profils à travers la mise en relation entre les objectifs de l’entreprise et ceux du candidat. L’IA est utilisée aussi dans la formation continue, que ce soit dans un but de développement ou de reconversion professionnel, elle commence à faire preuve de sa capacité à accompagner, recommander, et guider les formés sur les plateformes d’apprentissage assistée par l’IA (Kerr, 2016). 

Le recours à l’IA dans le domaine de la formation en milieu de travail paraît gagner du terrain au niveau mondial, certes c’est une technologie conteuse qui nécessite une bonne marge d’investissement et demande beaucoup d’efforts pour mise en place, mais sans impact et son efficacité évoluent rapidement. 

Bio de l’auteure

Mimoudi Aziz, est étudiant au doctorat depuis 2020, à l’Université de Sherbrooke, ayant enseigné depuis plusieurs années dans différents cycles en éducation, il s’intéresse à l’étude de l’impact de l’usage de l’intelligence artificielle dans l’enseignement à distance. Il est aussi assistant de recherche dans un projet piloté par l’institut d’informatique cognitive et l’environnement de formation (LICEF) et par une entreprise de conseil en gestion de projets, basée à Montréal. 

Bibliographie

Allal-Chérif, O., Yela Aránega, A., et Castaño Sánchez, R. (2021). Intelligent recruitment: How to identify, select, and retain talents from around the world using artificial intelligence. Technological Forecasting & Social Change, 169, 120822–. https://doi.org/10.1016/j.techfore.2021.120822 

Emily, R., M. (2018). Opinion | réinventer les ressources humaines à l’ère de l’intelligence artificielle. Les Echos. http://login.ezproxy1.lib.asu.edu/login?url=https://www-proquest-com.ezproxy1.lib.asu.edu/newspapers/opinion-réinventer-les-ressources-humaines-à-lère/docview/2120199496/se-2?accountid=4485 

Jacob, S., Souissi, S. (2022). L’intelligence artificielle dans l’administration publique au québec. Cahiers de recherche sur l’administration publique à l’ère numérique, (5)1-43. Québec. https://www.administration-numerique.chaire.ulaval.ca/sites/administration-numerique.chaire.ulaval.ca/files/uploads/Cahier%20%235%20-%20IA%20au%20Qu%C3%A9bec%20(2).pdf 

Kerr, P. (2016). Personalization of language learning through adaptive technology: Part of the Cambridge Papers in ELT series. Cambridge University. Presshttps://www.cambridge.org/us/files/1915/7488/5061/CambridgePapersinELT_AdaptiveLearning_2017_ONLINE.pdf 

Pluralsight. (2022). Technology Skill Development: the strategy for building better teams. Playbook guide. https://mytotalretail.tradepub.com/free-offer/free-offer/w_plur263?sr=adv&_t=adv:Pluralsight 

Sahay, P. (2014). Design thinking in talent acquisition: a practitioner’s perspective. Strategic HR Review. 13 (4/5), 170–180. http://doi.org/10.1108/SHR-04-2014-0027 

World Economic Forum (2020). Jobs of Tomorrow: Mapping Opportunity in the New Economy. Geneva. https://www.weforum.org/platforms/shaping-the-future-of-the-new-economy-and-society 

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Le métavers en formation

Par Emilie Beauchamps St-Onge

Mars 2020, scénario catastrophe digne des films d’Hollywood. Un virus se propage sur toute la planète et a pour effet de remettre en question le système économique, scolaire, de formation et de santé, de nombreux pays. Le Québec, tout comme le reste du Canada vit de nombreuses périodes de confinement où les travailleurs se voient imposer le télétravail, les professeurs et enseignants doivent offrir des cours en ligne au lieu de les offrir en présentiel. On constate une accélération de la transformation numérique, de même que de la fracture numérique. Plus que jamais, les besoins en formation numérique, de littératie et de numératie se font sentir. 

Les outils de communication, de collaboration, de rédaction et de recherche, de création et les nombreux logiciels ont été mis de l’avant et beaucoup de nouveautés ont été créées afin de faciliter le travail, les études et les besoins engendrés par cette pandémie. 

Une technologie, inconnue jusqu’ici, surprend le monde entier soit le métavers. Un article paru dans La Presse mentionne  que « le terme, tiré de l’anglais metaverse, est une contraction de « meta » (provenant du grec : au-delà) et « univers ». Le mot a été inventé par l’écrivain Neal Stephenson dans son roman Snow Crash paru en 1992. » Caractérisé comme « l’Internet de demain », le métavers est un univers virtuel fictif dans lequel il est possible d’évoluer, de développer un avatar et de créer des interactions en 3D. Ce monde pourrait permettre d’étudier avec des personnes de partout dans le monde entier, de visualiser la galaxie, de créer des apprentissages. 

Du point de vue de l’éducation et de la formation, le métavers permettra d’établir des environnements d’apprentissage social, où les apprenants participent à des cours expérientiels et utilisent des plateformes numériques pour interagir et apprendre des formateurs, mais aussi les uns des autres. Le tout est développé à l’aide des outils de réalité augmentée, virtuelle, voire hybride, soit un casque de réalité virtuelle, des senseurs moteurs et autres technologies à venir. Il serait intéressant que les fonctionnalités s’inspirent des jeux vidéo tels Fornite, monde précurseur de cette technologie, et puissent s’adjoindre au métavers éducatif afin d’augmenter la part de créativité des apprenants et créer des espaces sociaux. 

Ce changement de paradigme déclenche toutefois des signaux d’avertissements, car l’émergence des plateformes de réseaux sociaux, la polarisation des idées et la désinformation soulèvent des problématiques que la société peine à régler. Comme il est question de la dématérialisation de nos corps dans des avatars et qui interagissant dans des mondes virtuels, certains enjeux sociétaux se démarquent tels que l’absence de législation , de réglementation ou de gestion des droits de la personne et de l’intégrité.   

En somme, tout comme les appareils numériques, l’utilisation du métavers n’apporterait rien en ce qui a trait à l’aspect pédagogique si le but du formateur/enseignant est de répliquer des cours classiques. Il importe d’effectuer une nouvelle réflexion sur les usages pédagogiques de ces technologies, dans l’objectif de les élargir et d’ainsi en faciliter l’apprentissage. Par ailleurs les ressources pédagogiques qui seront mises dans le métavers, lui permettront de lui attribuer un potentiel éducatif. 

Emilie Beauchamps St-Onge: Candidate au Doctorat en technologies éducatives à l’Université Laval, je détiens un MBA en gestion des affaires numériques, profil professionnel, un diplôme du programme court de 2e cycle en Gestion contemporaine des ressources humaines, pour lequel j’ai obtenu un certificat d’excellence, et un baccalauréat en administration concentration gestion des ressources humaines. Je suis membre de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréées. Je suis passionnée par les technologies, la formation et la place des femmes dans cet écosystème. 

Bibliographie

La Presse. (2021, November 6). Bienvenue dans le métavers. https://www.lapresse.ca/actualites/2021-11-06/bienvenue-dans-le-metavers.php 

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