L’approche orientante: un concept en pleine évolution

par Marcelle Gingras et Carol St-Laurent

Au Québec comme à l’étranger, les difficultés d’orientation des clientèles jeunes constituent une problématique majeure pour les acteurs du monde de l’éducation et de la société en général (Conseil supérieur de l’Éducation, 2002; Ministère de l’Éducation du Québec, 2001, 2002a, 2003a; site Internet OCDE, Secrétariat du Sommet du Québec et de la jeunesse, 2000). En effet, depuis plusieurs années, les élèves du secondaire sont confrontés à divers problèmes tels que des taux élevés d’échecs et d’abandons scolaires, un manque de motivation et de persévérance aux études, de nombreux changements de programme d’études, un faible nombre d’inscriptions en formation professionnelle, une absence de projets d’avenir et de l’indécision vocationnelle.

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Une belle participation

Comme vous le savez tous, OrientAction est une communauté d’entraide qui permet aux intervenants qui œuvrent dans un domaine lié au développement de carrière de partager des ressources, d’échanger des renseignements sur différentes occasions de perfectionnement ou de participer à des réflexions collectives. Pour dynamiser un tel lieu virtuel de ressourcement professionnel, il importe de favoriser la participation des utilisateurs. Ainsi, une première initiative de collaboration avec une classe d’étudiants du baccalauréat en Sciences de l’orientation de l’Université Laval a été mise sur pied l’an dernier grâce à l’ouverture de Mme Liette Goyer, ph.D., c.o. et professeur au Département des fondements et pratiques en éducation. Cette expérience a démontré que les étudiants pouvaient trouver de la motivation dans le fait de rendre le fruit de leur travail concrètement utile pour l’ensemble des praticiens de notre domaine. De plus, plusieurs étudiants ont pu se familiariser avec le site OrientAction et découvrir le potentiel de ce réseau d’entraide pour leur propre carrière.

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Pour nous aider à vous aider

En décembre dernier, nous avons réalisé en collaboration avec notre partenaire Contact Point un sondage afin de découvrir comment nous pouvons continuer à soutenir les intervenants œuvrant dans le domaine du développement de carrière. Nous avons, entre autres, demandé aux répondants de fournir une liste de sujets et d’outils qu’ils voudraient voir sur OrientAction. Ainsi, en réponse à plusieurs commentaires des répondants du sondage, cette édition du Bulletin propose notamment un dossier spécial sur l’approche orientante qui semble être une préoccupation importante pour un grand nombre d’entre vous. Vous y trouverez des articles de fond ainsi que plusieurs références incontournables pour tous les intervenants qui sont touchés de près ou de loin par ce sujet chaud.

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Deux nouveaux objectifs sont atteints pour le CERIC!

par Dora Freedman (traduit par Nathalie Perreault)

Le Canadian Education and Research Institute for Counselling (CERIC) a réalisé deux nouveaux projets qui méritent d’être portés à votre attention. Conformément à sa mission, le CERIC a contribué à la recherche et à la formation dans le domaine de l’orientation et du développement de carrière.

Répertoire des programmes de Formation

Le CERIC vient de publier un tout nouveau Répertoire des programmes de formation (Directory of Educational Programs). Ce répertoire présente les divers programmes de formation en lien avec le counseling, l’orientation scolaire et professionnelle ou le développement de carrière qui sont offerts au Canada. Il propose donc des renseignements utiles pour les personnes qui souhaitent entreprendre des études afin d’exercer une profession en lien avec le counseling de carrière ou encore pour les intervenants du domaine qui désirent se perfectionner.

Ravivez votre réseau de contacts Professionnels

Le CERIC vous invite à participer à l’un de ses deux forums qui auront lieu l’automne prochain à Montréal (QC) les 23 et 24 octobre 2006 ainsi qu’à Vancouver (BC) les 20 et 21 novembre 2006. Venez rencontrer vos collègues à l’occasion de l’un de ces forums d’une durée d’une journée et demie sous le thème de la valorisation des services d’aide à la carrière. Contribuez à la crédibilité et à la visibilité du domaine du développement de carrière au sein de notre société. Participez activement au développement et au partage des connaissances et des compétences liées au domaine du counseling de carrière et rencontrez des professionnels qui s’intéressent à votre expertise. Assistez à des conférences de personnes renommées qui sauront vous inspirer et vous mettre au défi d’envisager votre pratique avec de nouvelles perspectives. Vous retournerez ensuite dans votre milieu de travail avec des outils et des connaissances qui contribueront à votre développement professionnel et personnel. Pour en savoir plus, consultez le site Web du CERIC.

 

Dora Freedman travaille avec les équipes du CERIC, de Contact Point et de la Counselling Foundation of Canada. Courriel : dora@ceric.ca

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Comment les voyages forment la jeunesse?

par Benoit Dumas, c.o.

En 1999, je déposais un mémoire de maîtrise intitulé Étude sur la réinsertion de jeunes adultes au retour d’un court séjour à l’étranger. Sept ans plus tard, je constate que le sujet est encore plus d’actualité que jamais. En effet, les jeunes peuvent compter sur plusieurs moyens pour visiter d’autres pays et divers types d’expériences permettent aux étudiants et adultes de voyager partout sur le globe.

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Notre avis sur l’outil : Guide d’orientation professionnelle

par Anne-Marie Blanchet

Élaboré à partir des principaux concepts développés par le Dr. Barbara Moses, auteure à succès de nombreux ouvrages, le Guide d’orientation professionnelle constitue un nouvel outil interactif en lien avec la carrière. Tenir les rênes de sa vie professionnelle est l’un des principes clés du Guide d’orientation professionnelle. Cet outil fournit l’aide nécessaire pour tracer un trajet personnel ainsi que pour surmonter les nombreux défis que comporte la carrière. Le Guide d’orientation professionnelle permet d’entreprendre des autoévaluations en répondant à une série de questions. Les réponses sont conservées et permettent de produire des rapports personnels qui fournissent une rétroaction, des synthèses et des recommandations de perfectionnement. Il est important de noter que tous les résultats doivent passer par un processus de réflexion. Il faut donc prévoir suffisamment de temps pour répondre aux questions ainsi que pour interpréter ses résultats. Dans cet outil, l’utilisateur a la liberté de choisir les exercices qu’il désire compléter, car il s’agit de son aventure. L’ensemble des évaluations et des rapports personnels seront automatiquement intégrés au Dossier de carrière, le référentiel de toutes les données importantes que l’on désire sauvegarder.

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Test en ligne : Inventaire des intérêts Strong

par Wilfrid Larochelle, c.o.

Depuis 1974, le Strong Interest Inventory, un test d’intérêts américain, est remis à jour tous les 10 ans. Une équipe de chercheurs consacre environ cinq ans à une nouvelle version. La dernière version a été publiée en 2004 et une version informatisée est accessible en ligne pour la première fois en français.

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La formation d’image et le choix professionnel

Voici un extrait d’une entrevue traitant du processus de formation d’image dans une démarche de choix professionnel. Ce résumé présente quelques-unes des idées de l’auteur en réponse à nos questions. Nous vous invitons à lire la version intégrale sur le site OrientAction.

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Pour un nouveau paradigme en orientation scolaire et professionnelle

par Claude Grenier, psychologue et conseiller d’orientation

(Voici le résumé du texte de M. Grenier qui a été diffusé dans le Bulletin OrientAction Automne 2006)

La mise en place du renouveau pédagogique amène de nombreux changements tant sur le plan de la philosophie de l’éducation qu’à propos du régime pédagogique. Ces changements se répercutent sur les services complémentaires en général et sur les services d’orientation scolaire et professionnelle en particulier. Le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) a d’ailleurs établi un nouveau cadre pour les services aux élèves (MEQ, 2002), lequel s’appliquera parallèlement à l’implantation au secondaire du Programme de formation de l’école québécoise (MELS, 2003).

À cela s’ajoutent trois autres nouveautés. D’abord, l’avènement de l’approche « orientante » implantée dès le troisième cycle du primaire dans certains milieux, ensuite, l’établissement éventuel de parcours de formation axés sur l’emploi au deuxième cycle du secondaire et, enfin, la création d’un cours optionnel centré sur le projet personnel d’orientation (PPO). Voilà quelques exemples de changements qui suscitent une remise en question de nos actions.

À la lumière de ces transformations et en accord avec les motifs et la philosophie de l’éducation à l’origine de la réforme en cours, il y a lieu de s’interroger sur les pratiques actuelles en orientation. Ainsi, cet article présente une nouvelle façon d’intervenir auprès des élèves qui ne se sentent pas interpellés par le processus classique d’orientation. Il vise à répondre à la question suivante : comment rejoindre ces jeunes et leur parler d’orientation?

Ce nouveau modèle centre les élèves sur le développement personnel et sur l’acquisition de compétences générales plutôt que sur le choix d’une profession. Il rejoint ainsi la philosophie du renouveau pédagogique et celle de l’approche orientante.

Qui sont ces jeunes? Deux exemples

Certains élèves vivent exclusivement dans l’ici et maintenant et l’avenir leur paraît très loin. La tendance à vivre dans le moment présent s’avère d’ailleurs une caractéristique importante des adolescents d’aujourd’hui. Pour eux, la notion du temps est très différente de celle de l’adulte, et leur parler d’avenir a peu de sens.

D’autres élèves n’ont tout simplement pas acquis la maturité minimale pour entreprendre un processus d’orientation. Ils sont trop centrés sur leur performance en planche à roulettes, et leur parler de métiers, de professions, d’avenir, de carrière, de marché du travail ou leur parler chinois, c’est pareil. Nonobstant les florissantes perspectives du mandarin…

Alors comment rejoindre ces jeunes? Ces élèves qui vivent exclusivement dans le moment présent? Comment rejoindre les élèves immatures? Comment rejoindre ces élèves au vécu particulier, qui, au terme de leurs études secondaires, doivent faire un choix malgré eux? Comment les aider à faire un choix qui aurait du sens pour eux? Comment les aider à donner du sens à leur choix?

Le modèle propose de quitter momentanément le choix de carrière et de centrer l’élève sur l’acquisition de compétences générales et le développement de l’employabilité.

Premièrement, nous leur proposons un moratoire sur le choix de carrière. Finie la recherche infructueuse de métiers ou de professions. Plus de la même chose n’apporte aucun changement, nous a appris Watzlawick (1975). Nous proposons alors de créer une zone de transition, un espace intermédiaire, un temps d’arrêt avant de faire un choix de carrière. Durant cette période, l’élève se donne un répit. Il ne cherche plus à identifier une profession quelconque, mais il poursuit quand même son cheminement. Il est en fait amené à se centrer sur lui-même, sur son développement personnel. Pour l’aider, l’intervenant l’interroge.

Qu’est-ce que tu aurais le goût d’apprendre ou d’expérimenter dès maintenant, en attendant de trouver ton orientation? Qu’est-ce que tu aurais le goût d’apprendre ou d’expérimenter qui pourrait t’être utile dans la vie quel que soit ton futur choix de carrière? Quelles compétences ou habiletés personnelles aimerais-tu développer maintenant? Quels apprentissages favorisent ton employabilité et rendraient ta candidature plus intéressante pour un employeur? Allons plus loin. Quel programme d’études pourrais-tu entreprendre en attendant de trouver ta « véritable » orientation? Quelles études collégiales ou secondaires professionnelles pourrais-tu faire en attendant d’identifier cette « véritable » profession?

Pendant cette période de transition, l’élève agit. Il peut se permettre d’explorer des domaines jusque-là inconnus. Il s’accorde le droit à l’erreur et peut éventuellement réajuster son choix. Il découvre d’autres facettes de sa personnalité. Il se centre sur lui-même et agit ici et maintenant plutôt que pour un futur lointain, mal défini. Par exemple, entreprendre une formation professionnelle secondaire non pas comme une orientation définitive, mais plutôt comme une étape avant de s’inscrire au cégep.

Deux exemples d’application du modèle

Mélanie n’arrivait pas à trouver un programme d’études suffisamment intéressant pour s’y engager. Plus elle cherchait, moins elle obtenait de résultats. L’intervenant lui proposa alors de mettre de côté pour l’instant le choix de carrière et lui demanda : « Si tu voulais te faire plaisir, qu’est-ce que tu aurais le goût de faire? » Et l’élève de répondre spontanément : « Apprendre l’anglais. Mais je n’ai pas l’argent pour aller à l’extérieur », ajoutat-elle. L’intervenant lui proposa alors de s’inscrire dans un centre anglophone à un programme de formation professionnelle de sept mois, soit Hotel Reception. Conseil que Mélanie accepta d’emblée, ce qui lui permit d’envisager par la suite des études en marketing.

Stéphanie n’avait d’intérêt que pour les arts plastiques. Insécure et provenant d’un milieu aux ressources financières restreintes, elle hésitait à s’inscrire dans un programme où les possibilités d’emploi sont limitées, et ce, particulièrement si la personne est plus ou moins attirée par une carrière en enseignement. Envisageant toutefois le développement de ses compétences en art comme une étape vers un éventuel choix de carrière et non comme un choix pour la vie, intéressée à développer sa créativité, elle finit par s’inscrire au cégep en Arts plastiques. Quelques années plus tard, nous avons appris que, après l’obtention de son diplôme d’études collégiales, Stéphanie avait poursuivi ses études dans le programme Éducation à l’enfance (intensif) et que, à la garderie où elle travaille maintenant, les enfants de son groupe ont produit des oeuvres d’une rare qualité pour leur âge.

Conclusion

Comment rejoindre les élèves à qui un processus classique d’orientation ne convient pas? Peut-on s’orienter sans choisir de métier, de profession ou de programme d’études? Nous avons appliqué le modèle avec plusieurs groupes d’élèves. Nous les avons centrés sur leur développement personnel et sur l’acquisition de compétences générales. Mais ce sont les mots d’un élève qui, finalement, illustreront le mieux l’application fructueuse de ce modèle. Un garçon de 5e secondaire, au terme d’un atelier, s’est exprimé ainsi : «C’est curieux comment je me sens. Je ne sais pas ce que je vais faire plus tard ni quelle profession je vais choisir, mais je me sens orienté. Je sais pourquoi je vais poursuivre mes études au cégep. J’ai choisi un programme qui va me permettre de développer mon goût de parler en public et de m’améliorer en anglais. Et ça va me servir sur le marché du travail.»

Pour mieux comprendre et vous familiariser davantage avec le modèle proposé, vous êtes invités à lire l’article intégral sur le site OrientAction et, si vous le jugez à propos, à nous faire part de vos commentaires.

 

Claude Grenier est psychologue et conseiller d’orientation. Formé à l’approche systémique, il applique ce modèle aux problématiques scolaires incluant celles reliées à l’orientation. Il travaille depuis plus de 25 ans à la Commission scolaire des Navigateurs et en pratique privée à Lévis. Il agit également comme formateur et superviseur.

Courriel : claude.grenier@csnavigateurs.qc.ca

Bibliographie

Ministère de l’Éducation (2003). Programme de formation de l’école québécoise. Enseignement secondaire, premier cycle. Gouvernement du Québec, p. 75.

Ministère de l’Éducation (2002). Les services éducatifs complémentaires : essentiels à la réussite. Québec, Gouvernement du Québec, 59 p.

Watzlawick, P., Wekland, J.H., Fish,R (1975). Changements: paradoxes et psychothérapie. Paris, Éd. Du Seuil.

 

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